jeudi 27 juillet 2017

Le livre qui flotte... et qui coule

On aurait pu penser que le monde de l’imprimé serait connoté de manière systématiquement positive chez un auteur comme Brant, qui a su en mobiliser tout le potentiel novateur pour le mettre au service de la diffusion de ses idées. La réalité est pourtant plus ambiguë, comme elle le deviendra d’ailleurs aussi chez Luther: l’imprimerie est certes, un don de Dieu, mais elle doit avant tout être utilisée à bon escient. Les deux critiques de fond se placent, la première, du côté des imprimeurs-libraires, et la seconde, du côté du public des lecteurs.
Le bibliomane ouvre le défilé des fous (chapitre 1, lui dont le plus grand plaisir est d’amasser des livres dans sa librairie, même s’il ne les ouvre jamais. De manière surprenante, ce sont en réalité les conséquences de l’économie nouvelle de l’imprimé qui sont ici mises en cause: la première révolution du livre se traduit par un accroissement très important de la production, et par la baisse du prix moyen, de sorte que le modèle peut désormais se répandre, du particulier qui se constitue une bibliothèque personnelle plus ou moins riche. La bibliothèque devient une source de plaisir, et sans doute une marque de distinction, quand bien même le dernier souci de son propriétaire serait celui de la lecture, encore moins, celui d’une lecture réfléchie. La critique de la bibliomanie sera dès lors récurrente dans la littérature moderne, et on la retrouvera, par exemple, chez La Bruyère, quand il lui consacre l’un de ses Caractères.
La nef des apprentis (p. 140) accueille notamment les apprentis imprimeurs, lesquels semblent consacrer un peu trop de leurs revenus au troquet:
L’imprimeur dépense en un jour / Le salaire d’une semaine.
Tel est l’usage en ce métier. / Car c’est un pénible labeur
Devant la presse, et à la casse / Compose, aligne, rectifie.
Bourrer le noir dans l’art du livre, / Calciner l’encre en le creuset…
La question de la multiplication des livres est d’ailleurs la première soulevée par Brant: en ouvrant le Prologue de son livre, l’auteur s’étonne en effet de ce que non seulement la Bible soit répandue partout, mais aussi les écrits des Pères de l’Église et toutes sortes de littérature, mais que personne n’en devienne meilleur et que le monde reste plongé «dans la nuit noire». C’est que, souligne-t-il, il ne suffit ni de disposer des exemplaires, ni même de les lire, mais qu’il faut savoir lire à bon escient et non pas à l'envers… Le thème revient à plusieurs reprises, par exemple au chapitre 57:
On voit aussi nombre de fous / Qui s’ornent de saintes lectures,
Se croient distingués et savants / Quand ont lu le texte à l’envers.
Tel croît connaître son psautier / Pour avoir lu: Beatus vir.
Le risque est encore accru lorsque l’intermédiaire par excellence, le clerc, est lui-même un faussaire: Brant, qui a critiqué les Hussites, est, comme le sera Luther à ses débuts, partisan affirmé de la réforme de l’intérieur, et non pas de la Réforme proprement dite. Les commentateurs malavisés et autres faux prophètes ont même le rôle principal dans la décadence, car ils conduisent le peuple à sa perte et font ainsi le lit de l’Antéchrist. L’image du bateau en papier est particulièrement frappante: la nef elle-même est en papier, et les faux prophètes, en l’humidifiant, ne font qu’accélérer le naufrage (chapitre 103).
J’en arrive à ces vrais faussaires, / Répandus autour de la nef (…)
Falsifiant les saints Évangiles. / (…) Ils trempent la nef en papier.
La petite barque de saint Pierre (Sankt Peter Schifflein), détail
Terminons sur une note prémonitoire: le travail du démon est soutenu par la cupidité des imprimeurs-libraires, qui trouvent avantage à publier toutes sortes de livres. Et, de fait, les professionnels, qui profiteront bien évidemment de l’essor de l’économie des «feuilles volantes» (Flugschriften) à l’époque de Luther, n’hésitent jamais à répandre les fausses doctrines et les livres inutiles pourvu que cela leur rapporte:
L’imprimeur y a bon profit. / Si on jetait au feu ces livres,
On brûlerait bien des erreurs. / Mais tant, ne pensant qu’à leur gain
Cherchent des livres [à imprimer] de partout, / Et qu’importe la correction.
On s’ingénie à mieux berner: / Beaucoup impriment et peu corrigent
Sans soin aucun on réimprime, / Telle quelle on reprend l’erreur:
Tel se fait tort, et tant se nuit, / Qu’il s’en va imprimer ailleurs! (…)
Voyez la pléthore de livres, / Le nombre des imprimeries,
Réédité le moindre livre / Qu’un jour ont écrit nos parents!
En avons tant à profusion, / Quand à rien ils ne servent plus
Car leur valeur est périmée…
Brant, ce n'est pas douteux, est un familier de l'activité des imprimeries, par exemple quand il fait allusion à la recherche forcenée de textes à publier, ou encore aux procédés divers, et parfois peu recommandables, utilisés par les professionnels pour «appâter» le client. Lui-même se plaindra, dans l'une des rééditions de son livre, de la concurrence sauvage des contrefaçons. Et on se rappellera au passage qu'une fois rentré à Strasbourg, il sera un temps en charge de la censure des livres au nom du Magistrat. En définitive, l'imprimerie n'échappe à la condition commune: elle peut être «un don de Dieu», il n'en faut pas moins en encadrer l'utilisation pour qu'elle ne devienne pas aux mains des hommes une arme du démon.

Note: les citations (et les renvois aux numéros de chapitres ou à la pagination) sont tirés de la traduction très remarquable du Narrenschiff publiée par Nicole Taubes: Sébastien Brant, La Nef des fous. Traduction revue et présentation par Nicole Taubes, 3e éd., Paris, José Corti, 2010 (« Les Massicotés »).

jeudi 20 juillet 2017

Une bibliothèque d'université aux XVIe-XVIIIe siècles (2)

Les membres des «nations germaniques» des différentes universités du Centre de la France (Orléans, Bourges et Poitiers) ont bénéficié de privilèges qui peuvent surprendre. En 1555, Conrad Marius, qui vient de Mayence, est étudiant à Poitiers quand il est  arrêté pour «avoir vescu selon la forme et religion qu’il dict estre gardée en son pays d’Allemaigne». Mais, à la requête qui lui est présentée lors de son séjour à Saint-Germain-en-Laye, le roi Henri II ordonne que Marius soit libéré, et cela pour des raisons éminemment politiques: il faut en effet préserver les «alliances, confédéracions et amytiez d’entre nous et les princes et estats dudict païs d’Allemagne et Saint Empire duquel ledict Marius est natif».
Bien plus tard, sous Louis XIV, la Nation Germanique d’Orléans publie chez Antoine Rousselet le catalogue des livres de sa bibliothèque (1664).
La page de titre en est ornée d’un petit bois représentant un aigle bicéphale. On sait par ailleurs que les exemplaires de la bibliothèque elle-mêmes ont souvent été reliés (avec estampage à chaud et marque d'appartenance sur les plats: Liber inclitae Nationis Germanicae in Academia Aurelianensi). Certains portent des ex dono manuscrits (Inclytae nationi germ. dono dedit Joannes De Cordes, Tornacensis pro tempore Procurator an. 1599, prim. decemb., par ex.). Pour un exemplaire en ligne, cliquer ici.
La bibliothèque possède quelques instruments scientifiques (des globes et une sphère armillaire) et, surtout, sa vocation s’est considérablement élargie depuis les origines. Alors qu'il s’agissait avant tout d’une collection juridique, nous sommes désormais devant un ensemble de 2626 titres, pratiquement tous des imprimés, répartis par grandes classes systématiques, puis par formats, avec un numéro d’ordre. La référence liminaire à Juste Lipse, plus encore la précision du sous-tri selon quatre formats (in folio, in quarto, in octavo, in duodecimo et decimo-sexto) laissent à penser que le rédacteur avait de bonnes connaissances de la science bibliographique dans son ensemble.
La tradition orléanaise s’impose toujours, et le droit représente, en 1664, la première série systématique, avec 780 titres (juridici). Parmi les classiques, on remarque les Expositiones de Sébastien Brant, données à Lyon par R. Odet en 1622, et achetées en quatre exemplaires par la bibliothèque (p. 24, n° 62).
Cependant, le droit est désormais suivi par les deux grandes sections de ce que nous pourrions appeler les sciences humaines :
- 569 titres relèvent en effet du domaine «géographie et histoire», qui constitue la série moderne par excellence. Cette section (où l’on trouve aussi un certain nombre d’historiens anciens, à commencer par César, Tacite, etc.) semble être la plus ouverte sur le plan de la géographie typographique et des langues d’impression.
- Les humanités s’inscrivent à un niveau de 504 titres (humaniores): il s’agit d’éditions des classiques de l’Antiquité (parfois acquis en plusieurs exemplaires), mais aussi de titres plus récents, comme les Essais de Montaigne dans la très belle édition d’Abel l’Angelier de 1595 (p. 35, n° 38. Deux exemplaires probablement d’une autre édition, p. 37, n° 44, et sept d’une troisième édition, p. 43, n° 217. Montaigne est déjà un classique).
Les trois sous-séries suivantes atteignent des niveaux plus faibles :
- 264 titres de théologie, dont un certain nombre d’exemplaires de la Bible, et surtout du Nouveau Testament en latin, en flamand, en italien et en français (par moins de quatorze exemplaires pour cette dernière édition: cf p. 7, n° 5). Les Loci communes de Mélanchthon, Bâle, 1561 (VD16, M 3664) sont classés dans la théologie.
- 184 titres de sciences politiques (politici). Cette section, dont le propos s’articule bien évidemment avec le domaine juridique mais qui intègre aussi la science militaire, est tout particulièrement signifiante pour l'historien, en ce qu’elle rend compte d'une théorie politique alors en pleine phase de modernisation. Parmi les points significatifs, le fait que la Nation Germanique ait acquis le texte de la République de Jean Bodin, en deux exemplaires, non pas dans l’original français, mais dans l’édition latine de 1586 (p. 47, n° 2).
Le catalogue se referme sur deux sections très intéressantes, qui relèvent du domaine littéraire au sens large. Les «romans» constituent un ensemble autonome, et ils sont dans leur grande majorité en français, mais aussi en italien. Il s’agit de titres bien connus (L’Astrée…), parfois aussi de titres plus négligés (comme Le Gascon extravagant, publié, de manière emblématique, l’année même de la sortie du Discours de la méthode). Nous serions volontiers disposés à voir dans cet ensemble de textes les prodromes d’un service de la «récréation» organisé en parallèle à la «bibliothèque d’études». La dernière section est ce que nous pourrions désigner comme celle des usuels: dictionnaires de la langue (dont un certain nombre de dictionnaires de l’allemand), puis dictionnaires juridiques et autres, et grammaires (des langues hébraïque, grecque, latine, française, italienne et flamande, cette dernière apparemment dans une édition de Londres, 1652).
Les deux domaines scientifiques des mathématiques (65 titres) et de la médecine (50 titres) s’inscrivent à des niveaux bien moindres.
Il serait très intéressant de rentrer dans le détail du catalogue, pour envisager, notamment, d'où les exemplaires peuvent venir, et pour essayer de retracer une conjoncture d’ensemble de la collection. Nous ne le ferons pas ici, mais ne pouvons que souligner le fait: il n’y a que peu de titres antérieurs à 1550. Dans la mesure où la bibliothèque en tant qu’institution n’a été mise en place que dans la seconde moitié du XVIe siècle, les ouvrages qui ont très certainement circulé à Orléans antérieurement appartenaient à titre privé à l’un ou à l’autre des membres de la Nation Germanique. En revanche, le catalogue de 1664 présente un certain nombre de titres a priori condamnés, et dont la publicité ne peut qu’étonner dans la France louis-quatorzienne. Citons un exemplaire de la Bible donnée par Froschauer à Zurich en 1543 (VD16, B 2619) à partir de la version d’Érasme et avec la collaboration de Bullinger; la concordance évangélique de Calvin, Genève, Conrad Badius, 1555, édition dédiée au Magistrat de Francfort; ou encore plusieurs Bibles allemandes de Luther, et la Hauspostilla du même auteur, Wittenberg, 1578 (VD16, ZV 10135).
Les lieux d’édition ne sont pas toujours indiqués mais, derrière Lyon et Paris figure en retrait un certain nombre de villes de province (Rouen, etc., voire Saumur) et de l’étranger (Anvers et Leyde, Francfort, Strasbourg, Helmstedt, Bâle, Genève, etc.). En définitive, il s'agit d'un ensemble remarquable, conçu et rassemblé dans le souci de remplir les services d'une véritable bibliothèque universitaire, dans laquelle les volumes les plus demandés seront acquis en plusieurs exemplaires. Un certain nombre de ces exemplaires est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque d'Orléans: on ne peut que regretter d'autant plus que le catalogue en ligne de celle-ci ne permette pas de les identifier, que le site Internet de l'établissement ne propose pas de commentaires sur les pièces les plus importantes qui y sont conservées, et que l'onglet renvoyant à l'histoire de la Bibliothèque ne fonctionne pas...

mercredi 12 juillet 2017

Une bibliothèque d'université aux XVIe-XVIIIe siècles

L’exposition qui se déroule actuellement à Orléans (Archives départementales du Loiret) sur les débuts du protestantisme dans la région met fort justement l’accent sur le rôle de la Nation Germanique de l’Université dans le processus de transfert.
Rappelons que les écoles de droit existent à Orléans au moins depuis 1235 (la bulle Semper specula avait interdit, en 1219, l’enseignement du droit civil à Paris), et qu’elles sont élevées au rang d’université par la bulle Inter cetera de 1306. Elles jouent dès lors le rôle de double faculté de droit pour les Parisiens, le droit canon (on est doctor decretorum) et le droit civil (avec le titre de doctor legum, ou, le cas échéant, de doctor utriusque, alias docteur dans les deux droits).
Reliure aux armes de la Nation Germanique (Bibliothèque d'Orléans)
Dans les universités médiévales, les étudiants sont répartis en «Nations», dont le nombre est d’ailleurs variable: la Nation Germanique d’Orléans regroupe ceux qui viennent de la géographie du Saint-Empire, peu à peu élargie aux «anciens Pays-Bas» (jusqu’en Artois) et aux régions germanophones hors l’Empire (notamment les cantons suisses). Elle constitue longtemps la «nation» la plus nombreuse à Orléans, avant d’entrer peu à peu en décadence, surtout à la suite de l’édit de Fontainebleau. Le dernier étudiant «germanique» quitte Orléans en 1734. Quant à l’Université elle-même, elle est dissoute en 1793…
La Nation Germanique possède peut-être une dizaine de livres au début du XVIe siècle, et l’institutionnalisation de sa bibliothèque se fait à partir de la décennie 1560. Le projet prend corps lorsque le procurateur Obertus Giphanius et son confrère Hugo Blotius s'en chargent. Mais la décision est difficile, comme le souligne Giphanius: «Tantae molis erat Germanos condere libros» (Deuxième Livre, p. XLV). L'argument qui l'emporte intervient lorsque les tout-puissants docteurs-régents de l’Université déclarent mettre à la disposition de la Nation, pour sa bibliothèque, une «pièce située au-dessus de la chambre de la librairie» , rue de l’Escripvainerie, juste sous l’horloge de l’Université.
Pourtant, une visite sur les lieux convainc la Nation de ce que le local est inapproprié. En novembre 1566, les livres sont donc d’abord rangés dans la maison du pharmacien Charles d’Aise, bedeau (pedellus) de la Nation. Puis ils seront transférés un temps dans la maison du nouveau procurateur, Georgius Korman ab Menneburg (1567). Par la suite, les livres reviendront  dans la maison du bedeau, où l’on estime qu’ils seront plus en sécurité (2 oct. 1567: à la suite de la prise de la ville par les Protestants).
En 1571, le bedeau se plaint de ne plus pouvoir conserver la bibliothèque chez lui, et les livres sont transportés chez le procurateur Christophorus Schell, avant que la Nation ne décide de louer une pièce (cubiculum) dans la maison de son messager, le tailleur Martinus Antonius, de Nimègue. L’assemblée du 7 juin 1572 met en place les premiers statuts de la bibliothèque. En 1580, celle-ci est déménagée dans la maison que le tailleur Blanchet occupe dans l’enceinte de l’église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, rue de l’Université. Elle est alors confiée à un assesseur-bibliothécaire, Maximilianus Martinus Stella, tandis qu’un règlement est promulgué (1582). Dans le même temps, le fonds s’élargit progressivement au-delà du seul domaine des sciences juridiques.
En 1585, la bibliothèque déménage à nouveau, pour s’installer chez Vrain-Moireau, cordonnier, au coin des rues de Bourgogne et des Gobelets, au premier étage. La pièce sert aussi aux réunions de travail pour l’administration et pour l’enregistrement des nouveaux membres inscrits à la Nation.
Il est fascinant de voir la Nation Germanique publier, en 1664, un premier catalogue de sa bibliothèque – jusque là, les catalogues étaient restés manuscrits:
Catalogus librorum qui Aureliae in Bibliotheca Germanicae Nationis extant, éd. Emmichius Nedergordius, Orléans, Antoine Rousselet, 1664.
Il s’agit d’une plaquette de quelque 80 pages, dans laquelle les livres sont présentés systématiquement, et sous-classés par formats – ce qui correspond bien évidemment au classement topographique dans la salle. Le catalogue est introduit par une citation de Juste Lipse (Syntagma de bibliothecis), puis par la préface du Sénat de la Nation Germanique, et par une dédicace au bibliothécaire, Emmerich Neelergord. La présentation du catalogue montre que les volumes étaient très certainement rangés sur des rayonnages, sauf quelques-uns de format trop grand, disposés sur des tables et des pupitres, à côté de deux globes (céleste et terrestre) et d'une sphère armillaire.
Le contenu de la bibliothèque, soit quelque 2100 titres, se signale désormais par sa diversité: la section la plus riche est certes toujours celle du droit (780 titres), mais elle est désormais suivie par la littérature (plus de 500 titres), et par la théologie Nous reviendrons, dans notre prochain billet, sur la présence d’un certain nombre de titres remarquables dans les collections de la Nation Germanique...

Rappelons que es registres conservés ont fait l'objet d'une édition scientifique particulièrement précieuse:
Les Livres des procurateurs de la nation germanique de l’ancienne université d’Orléans, 1444-1602.
Tome I. Premier livre des procurateurs, Leiden, Brill.
Première partie, Texte des rapports des procurateurs [AD Loiret, D 213], éd. Cornelia M. Ridderikhoff, Hilde De Ridder-Symoens, 1971.
Seconde partie, Biographies des étudiants, éd. Detlef Illmer, Hilde De Ridder-Symoens, Cornelia M. Ridderikhoff,
Vol. I, 1444-1515, 1978.
Vol. II, 1516-1546, 1980.
Vol. III. Tables, additions et corrections, illustrations, 1985.
Deuxième livre des procurateurs de la nation germanique de l’ancienne université d’Orléans, 1546-1567. Première partie, vol. I [II], éd. Cornelia M. Ridderikhoff, Leiden, Brill, 1988 [la deuxième partie n'a pas été publiée].
Troisième livre des procurateurs de la nation germanique de l’ancienne université d’Orléans, 1567-1587. Texte des rapports des procurateurs, éd. Hilde De Ridder-Symoens, Cornelia M. Ridderikhoff, Leiden, Boston, Brill, 2013.
Quatrième livre des procurateurs de la nation germanique de l’ancienne université d’Orléans, 1587-1602. Texte des rapports des procurateurs, éd. Hilde De Ridder-Symoens, Cornelia M. Ridderikhoff, Leiden, Boston, Brill, 2015.

mercredi 5 juillet 2017

Une exposition à Orléans

Exposition
«Les débuts du protestantisme dans le Loiret»,
du 19 juin au 28 juillet 2017

Dans le cadre du 500e anniversaire de l'affichage des 95 thèses de Martin Luther en 1517, les Archives départementales du Loiret présentent du 19 juin au 28 juillet 2017, du lundi au vendredi, de 9 heures à 17 heures, l'exposition:
«Les débuts du protestantisme dans le Loiret».
À cette occasion, de nombreux documents, provenant des Archives départementales, de la Médiathèque d'Orléans et de l'association «Mémoire protestante en Orléanais», sont présentés:
-des plans anciens d'Orléans, des gravures anciennes, des portraits, la maquette du temple de Bionne, des livres rares, des documents administratifs du XVIe siècle et des manuscrits, dont les magnifiques enluminures des registres des procurateurs de la Nation germanique qui accueillit, au sein de l'Université d'Orléans au XVIe siècle, de nombreux étudiants luthériens.
Ces documents portent un éclairage original sur l'accueil des idées nouvelles dans l'Orléanais, favorisé notamment par le creuset d'humanisme qu'était alors l'Université, par le développement de la chose écrite, ainsi que par l'entrée de grandes familles nobles dans l’Église réformée.
L'exposition est présentée à l’occasion du 500e anniversaire de l’affichage des 95 Thèses de Martin Luther, le 31 octobre 1517 à Wittenberg. En quelques années cette volonté de réforme de la vie spirituelle et ecclésiastique, devenue la Réforme, parcourut toute l’Europe et eut des répercussions profondes sur la politique, la société et la culture, jusqu’à provoquer déchirements et guerres.
Plan d'Orléans, vers 1575
Dans le cadre de cette commémoration, le Département a souhaité jeter un éclairage particulier sur l’accueil des idées nouvelles dans l’Orléanais. On n'a pas cherché à évoquer la forme des nouvelles croyances, leur contenu et leur évolution, mais plutôt leur diffusion. Le propos de l’exposition vise précisément à s’interroger sur les facteurs qui ont favorisé un développement rapide et exceptionnel de la Réforme dans cette terre chérie par les «rois très chrétiens». Au travers de documents parfois prestigieux, parfois issus de la pratique administrative, l’exposition s’attache à mettre en valeur le rôle de l’Université et des étudiants germaniques qui la fréquentent, de l’élite cultivée et des grandes familles nobles, mais aussi des prédicateurs et des professionnels du livre.
Le propos s’arrête aux années 1560-1562, lorsque les tensions larvées entre catholiques et protestants se transforment brutalement en guerres civiles ouvertes: s’ouvre alors en effet une série de huit conflits qui ravagèrent le royaume jusqu’à la fin du XVIe siècle. Et encore, la paix chèrement gagnée en 1598 par la promulgation de l’Édit de Nantes n’apaisa-t-elle que peu les esprits, avant d’être balayée par la révocation de 1685.
Vous pouvez consulter le livret accompagnant l'exposition en cliquant ici [PDF - 2 Mo]
Retrouvez les magnifiques enluminures des registres des Procurateurs de la Nation germanique sur place et sur notre tableau Pinterest.
Communiqué par les Archives départementales du Loiret. 

dimanche 2 juillet 2017

Nouvelle publication


Nous sommes tout particulièrement heureux de pouvoir ici annoncer la parution de la sixième livraison (2017) de la revue brésilienne d’histoire du livre, Livro. Revista do núcleo de estudos do livro e da edição. Il s’agit d’un imposant volume de quelque 460 pages, présenté sous une très élégante couverture illustrée.
Le volume se signale d’abord, bien sûr, par la qualité scientifique du contenu. Nous trouvons en effet, en tête, des articles de Donaldo Schüler, puis de Yann Sordet, Jacques Hellemans (il s’agit de l’imprimerie aux Pays-Bas espagnols), Jean-Pierre Chauvin, José de Paula Ramos Jr et Maria Viana.
Le dossier de ce numéro, alias la partie systématique, traite d’un sujet très vaste, «Édition et politique», mais toujours en partie à l’aune de la problématique sud-américaine ou portugaise, et en privilégiant la période contemporaine. Nous y découvrons les articles suivants:
Alexandre Cleaver («O Ferderalista. Algumas interpretações»),
José Augusto dos Santos Alves («Política e ideologia na imprensa madeirense »),
Laura Fernández Cordero («Sobre o concerto da imprensa anarquista a partir de Mikhail Bakhtin»),
Danilo A. Q. Morales («Benedetto Corce e as afinidaes nos Brasil»),
Lincoln Secco («Biblioteca Gramsciana»),
Flamarion Maués («Dom Quinxote. Uma editoria política sob o Salazarismo»),
Nuno Medeiros («Ação editorial da oposição católica no Portugal dos anos 1960»), et
Fabiano Cataldo de Azevedo («A Zahar editores e seu projeto editorial (1957-1970)»).
La section «Arquivo» présente des notes plus brèves relatives à l’histoire du livre (par Kenneth David Jackson, et al.).
Suit une section Acervo (= Collection), avec un article de Pablo Antonio Iglesias Magalhães consacré à la première imprimerie de Bahia au début du XIXe siècle, et un article de Rizio Bruno Sant’Ana sur la Collection Félix Pacheco à la Bibliothèque de Sao Paulo. La courte section «Almanach» (Almanaque) est suivie de la section Memória et de la section Bibliomania, où l’on trouvera plusieurs comptes rendus de Jean-Pierre Chauvin, Marcello Rollemberg, Eduardo de Souza Cunha, Vinicius Juberte et Márcia Lígia Guidin sur des ouvrages récents.
L’ouvrage se referme avec les sections Estante editorial (une suite de brefs comptes rendus), puis Debate et, enfin, Letra e arte.
Nous aurions grand tort de nous borner à souligner l’intérêt scientifique très réel qui est celui de l’ouvrage. La revue se signale aussi par sa «mise en livre» réellement exceptionnelle, avec de nombreuses illustrations en noir et blanc et en couleurs, avec surtout une série de reproductions des superbes gravures consacrées par Maria Bonomini à la série des «bibliothèques», de Rio de Janeiro et de Coimbra à Melk et à Baltimore. Nous sommes, avec cette livraison, devant un véritable objet de bibliophilie. Nous ne connaissons pas d’exemple d’une autre revue d’histoire du livre où le souci soit aussi manifeste, de proposer des textes de grande qualité dans une forme aussi respectueuse de ce que devrait être la mise en forme –des livres.
ISSN 2179 801X