mercredi 29 février 2012

Colloque sur le Copyright

Journée d'étude
Le monde du livre face aux lois de copyright international au XIXe siècle:
Grande-Bretagne, France, Belgique, États-Unis

9 mars 2012

CRIDAF, Université Paris 13,
salle D300, UFR LSHS.

Objectif : proposer une réflexion théorique et des études de cas sur le copyright au XIXe siècle, en particulier sur le copyright international : effets sur les auteurs, les éditeurs et les traducteurs.


Matinée: accords bilatéraux au milieu du XIXe siècle: France, Grande-Bretagne, Belgique
9h30-10h30
Jean-Yves Mollier, Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines: «De la contrefaçon belge aux accords de 1852-1854»
Laurent Pfister, Université Versailles St-Quentin-en-Yvelines: «Internationalisation du droit d'auteur et droit comparé: la convention franco-anglaise du 3 novembre 1851»
10h30-10h45 Discussion
10h45-11h15 Pause
11h15-12h15
Blaise Wilfert, ENS (Ulm): « Droit d'auteur et stratégie d'éditeur: Hachette, Dickens et la Bibliothèque des meilleurs romans étrangers»
Susan Pickford, Université Paris 13: « Les traducteurs face aux enjeux du copyright au XIXe siècle»
12h15-12h30 Discussion
12h30 Déjeuner

 Après-midi: le cas des États-Unis
14h-15h30
Michael Winship, University of Texas at Austin: «Napoleon Comes to America: The Publishing of Walter Scott’s Life of Napoleon Buonaparte (1827)»
Will Slauter, Université Paris 8: «Marks of Ownership and Acknowledgment: The Transformation of Newspaper Texts in 19th-Century America»
Ellen Gruber Garvey, New Jersey City University: «Mark Twain’s Self-Pasting Scrap-Book, the Authorship of Blank Books, and Intellectual Property»
15h30-16h Discussion et conclusion

Communiqué par Claire Parfait

mardi 28 février 2012

Séminaire d'histoire du livre à Lyon

Qui écrit ? Regards croisés sur le livre

Le séminaire
Qui écrit ? Regards croisés sur le livre,
organisé dans le cadre du CERPHI, UMR 5037.

se tient désormais à
l'Ecole normale supérieure de Lyon,
site Descartes, salle F103 (salle F112 le 29 mars), à 17h.
15, Parvis René Descartes
69007 Lyon
(métro Debourg)


Deuxième séance
  29 février 2012


La figure du secrétaire à la Renaissance,
par
(Harvard Univ., Cambridge, Mass.)




Martine Furno, Raphaële Mouren, responsables du séminaire
(Cliché ci-dessus:  Cornelis Engebrechtsz, La vocation de l'apôtre Mathieu, Musées de Berlin, Kat. Nr. 609, détail).

dimanche 26 février 2012

Alsatica de Colmar

Nous évoquions sur ce blog, il y a déjà quelque temps, les richesses exceptionnelles de la Bibliothèque municipale classée de Colmar, dans le département du Haut-Rhin.
Aujourd'hui, cette bibliothèque annonce qu’une part significative de ses collections patrimoniales, à savoir sa très riche collection d’Alsatiques, est désormais signalée sur son catalogue informatique, à l’adresse suivante:
http://bibliotheque.colmar.fr/
ou, en se connectant directement à la page consacrée au catalogue des Alsatiques:
http://bibliotheque.colmar.fr/Patrimoine/fonds_local_alsatique
Cette collection, axée principalement sur l'Alsace centrale et le Haut-Rhin constitue, par son ampleur, un fonds régional de référence, le plus important après celui de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, et avec la collection de la Bibliothèque Alsatique du Crédit Mutuel de Strasbourg. À vocation encyclopédique, il ne laisse de côté aucun aspect de la vie locale et comprend des documents de tout niveau, de la lecture de divertissement aux études les plus savantes. La collection léguée par Ignace Chauffour à la ville en 1879 en constitue une partie essentielle.
Le chantier de catalogage a été ouvert en 2011, grâce à un cofinancement notamment assuré par la Ville de Colmar: 26459 notices, décrivant 33192 documents imprimés, du XVIe siècle à nos jours, ont été versées dans la base bibliographique, alors qu’elles étaient auparavant seulement consultables dans les fichiers de la Bibliothèque. Ces Alsatiques vont être également signalés par le Catalogue Collectif de France.

(Information communiquée par Rémi Casin)

samedi 25 février 2012

Conférence d'histoire du livre


École pratique des hautes études,
IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre



Lundi 27 février 2012
16h-18h

Corporations du livre, vie des ateliers
et main-d'œuvre typographique sous l'Ancien Régime (2),

par
Monsieur Jean-Dominique Mellot,

conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France




Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2011-2012.

Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg). Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).


Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).

vendredi 17 février 2012

Conférence d'histoire du livre

Aux origines des sciences de l'information:
organisation de l'information dans le livre imprimé au début de l'époque moderne
L'enssib a le plaisir de vous inviter à la
présentation du livre de

Ann Blair,
professeur d'histoire, Université de Harvard

Too much to know: Managing scholarly information before the Modern Age
Yale University Press, 2010

le
mardi 28 février 2012
à 17 h.

en présence de l'auteur,
par
Benoît Epron, maître de conférences en sciences de l'information

 et
Raphaële Mouren, maître de conférences en histoire



La présentation a lieu à l'enssib,
17-21 bd du 11 novembre 1918,
Villeurbanne
salle N.1.13

jeudi 16 février 2012

Comparatisme et mondialisation

Mis en œuvre en histoire du livre à compter de la décennie 1980, notamment à travers le cas de la France et de l’Allemagne, le comparatisme est une méthodologie de recherche très enrichissante, tant pour l’abstraction (de la théorie) que pour l’expérience (l’observation historique). Il se déploie sur deux plans: le comparatisme chronologique fonde, par ex., la théorie des «trois révolutions du livre». Nous vivons un temps de profond changement du système global des médias, mais l’historien sait que des phénomènes analogues se sont déroulés dans le passé, entre autres au XVe siècle avec l’invention de Gutenberg. Il devient possible de mettre en évidence les rapprochements d’une époque à l’autre, mais aussi les innovations.
Le second axe est celui de la géographie. La comparaison des branches de l’édition entre la France et l’Allemagne à l’époque de l’industrialisation attire l’attention sur un certain nombre de phénomènes majeurs: les conditions générales sont a priori moins bonnes en France, avec une population et une croissance démographique moindres, une alphabétisation longtemps en retard, un développement industriel plus précoce mais moins dynamique à moyen terme.
Cette conjoncture a priori moins bonne amène à s’interroger sur les facteurs ayant permis à la «librairie» de connaître en France un essor en définitive largement supérieur à celui que l’on pouvait attendre. C’est ainsi que l’innovation de produit y est systématiquement mise en œuvre (depuis l’invention du livre de masse à bon marché par Gervais Charpentier), que l’hyper-concentration parisienne se révèle être sans doute favorable, et que la position du français comme langue internationale de culture (tout comme la qualité de la production littéraire) génère un courant d’exportation renforcé par la régulation internationale des marchés et par la disparition de la contrefaçon.
D’autres questions, certes, restent posées (sur le rôle de la francophonie, sur celui des colonies, etc.), mais la statistique rétrospective publiée au tome III de l’Histoire de l’édition française montre que, à la veille de la Première Guerre mondiale, la production imprimée évaluée en nombre de titres est comparable en Allemagne et en France. Dans le même temps, la presse périodique française s’impose comme la seconde du monde après celle des États-Unis.
La méthodologie du comparatisme est donc très enrichissante, mais en privilégiant un cadre donné d’analyse, souvent celui des États-nations, elle conduit parfois à sous-estimer d’autres phénomènes. Nous n’abordons pas ici la problématique des transferts et du «transnational» (les traductions, etc.), mais nous arrêtons sur les processus relevant de l’intégration géographique élargie et de la délocalisation, puis de la mondialisation.
L'ouverture au monde: portulan catalan de 1572, provenant de la bibliothèque du duc de Croÿ (Bibliothèque de Valenciennes, ms. 488. Voir le catalogue "Livres Parcours", Valenciennes, 1995, n° 86).
 De fait, l’intégration géographique, avec ses implications économiques, n’est pas une caractéristique de notre temps, et elle intervient largement en histoire du livre. L’apparition de la typographie en caractères mobiles, et surtout «l’invention de l’imprimé» (qui ne coïncide pas avec celle de l’imprimerie) introduisent à la logique nouvelle de la marchandise et de l’économie. Dès lors que l’imprimé est affecté d’une valeur marchande, son contenu l’est aussi, et le libraire (dans une moindre mesure aussi l’auteur) devient attentif à assurer la protection de ses investissements et à les faire fructifier. Des systèmes de privilèges se mettent donc en place dès le XVe siècle pour renforcer la régulation et assurer la protection des droits, mais le défaut d’intégration politique fera encore longtemps le lit de la contrefaçon (les privilèges n’ont en effet de valeur que sur le territoire de l’autorité qui les émet).
D’autres temps forts seraient ici à interroger, comme celui de la Réforme. Sur un point particulier, Jean-Dominique Mellot a montré, dans ses conférences à l’École pratique des Hautes Études, comment, lors des grèves lyonnaises des années 1539, la menace proférée par les grands imprimeurs et libraires de « délocaliser » leur activité en Dauphiné (Vienne), voire à Genève, s’était révélée efficace. Au XVIIIe siècle, l’intégration de la géographie européenne assure la fortune des «presses périphériques», mais la contrefaçon concerne aussi les productions imprimées de l’Angleterre (soumise aux concurrences irlandaise et américaine) et de l’Allemagne…
Enfin, la géographie des coûts est longtemps dominée par les frais liés aux échanges et aux expéditions, avant que la révolution des transports (combinée à la spéculation immobilière et à l’industrialisation) n’autorise, par exemple en France, le déplacement des grandes unités de production à la périphérie urbaine, voire leur délocalisation là où les frais généraux et le coût du travail sont moindres. Chaque moment d’innovation dans le champ des médias pose ainsi en des termes nouveaux la question de la régulation. La problématique de notre début de IIIe millénaire ne fait pas exception à la règle, alors que même la globalisation et la mondialisation accentuent la pression sur les coûts du travail et prolongent cette logique ancienne en la généralisant, en l’élargissant et en la déplaçant.

Sur la première révolution du livre, envisagée dans une perspective comparatiste: Frédéric Barbier, L’Europe de Gutenberg. Le livre et l’invention de la modernité occidentale (XIIIe-XVIe siècle), Paris, Librairie Belin, 2006 («Histoire et société»). Frédéric Barbier, «La naissance de l'imprimerie et la globalisation», dans Histoire globale. Un autre regard sur le monde, dir. Laurent Testot, Auxerre, Sciences humaines éditions, 2008, p. 113-120. Sur la comparaison France/Allemagne à l’époque de l’industrialisation: Frédéric Barbier, L'Empire du livre: le livre imprimé et la construction de l'Allemagne contemporaine (1815-1914), préf. Henri-Jean Martin, Paris, Éditions du Cerf, 1995 («Bibliothèque franco-allemande»). Après plusieurs colloques antérieurs, la huitième livraison de Histoire et civilisation du livre. Revue internationale, à paraître en 2012, contiendra un important dossier thématique consacré à l’histoire mondiale du livre, dossier coordonné par Jean-Yves Mollier.

mardi 14 février 2012

Histoire des classifications

Nous avons mis en ligne ce jour une note d'une dizaine de pages sur l'histoire des cadres de classement, tant sur le plan de l'épistémologie que sur celui de la bibliothéconomie (ci-contre, rubrique "pages", sous l'intitulé Esthétique de la taxinomie). Le lecteur trouvera ci-dessous quelques clichés susceptibles de servir d'illustrations. Rappelons que l'utilisation des textes présentés sur ce blog est libre, mais qu'elle suppose que l'on en indique la provenance. Rappelons aussi que nous recevons toujours avec reconnaissance les remarques, compléments, suggestions et autres qui nous sont faites. 
1- Supplément à la Bibliographie instructive de Debure (exemplaire de la Bibliothèque de Valenciennes).
2- À la cathédrale du Puy: la fresque de la Rhétorique.

3- Catalogue de vente de Peter Schoeffer (Bayerische Staatsbibliothek, Munich)
4- Incipit du catalogue.
5- Note manuscrite: le voyageur de Schoeffer loge à l'auberge de l'Homme sauvage, où l'on est prié de se rendre.
6- La Bibliotheca universalis de Gesner (page de titre).
7- Dans la Bibliotheca de Gesner, la table par noms d'auteurs.
8- Avertissement de la table.





dimanche 12 février 2012

Conférence EPHE


Nota. Nous nous excusons de ne publier le présent billet qu'avec retard. En déplacement à Bologne, à l'occasion de la fondation du Centre européen d'histoire du livre, le directeur d'études a en effet été quelque peu retardé par les intempéries. Le cliché, qui pour une fois ne se rapporte pas à l'histoire du livre, donne une vue réellement insolite de la charmante église de S. Stefano, en plein cœur de la ville ancienne.


École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre

Lundi 13 février 2012
16h-18h
1) Introduction à l’histoire des classifications (fin)
2) Glossaire de l'histoire du livre (fin)


par
Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études
Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2011-2012.
Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).

Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).

mardi 7 février 2012

Colloque d'histoire du livre à Bologne

Projet "Bologna ville capitale du livre"
 
Colloque international
“D’une révolution du livre à l’autre:
le paradigme de la classification bibliographique ”
En collaboration avec la Bibliothèque de l’Archiginnasio de Bologne
Bibliothèque de l'Archiginnasio, salle du Stabat Mater
 10-11 février 2012
Bibliothèque de l’Archiginnasio, salle du “Stabat Mater”
Bibliothèque des Collections d’art et d’histoire
de la Fondazione Carisbo,
église de San Giorgio in Poggiale
 
Programme
10 février, 16h–19h
Bibliothèque de l’Archiginnasio,
salle du “Stabat Mater”
Interventions de:
Pierangelo Bellettini, directeur de la Bibliothèque de l’Archiginnasio
Frédéric Barbier, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, Paris
Gilles Mandelbrote, directeur de la Lambeth Palace Library, London
Andrea De Pasquale, directeur de la Bibliothèque nationale Braidense, Milano
Istvan Monok, professeur à l'université de Szeged
Christine Lebeau, professeur à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne
Mario Infelise, professeur à l'université Ca’ Foscari, Venezia
 
11 février, 9h30
Biblioteca di San Giorgio in Poggiale
Rencontre de fondation du “Centre d’études d’histoire du livre”
sous l'égide de la Fondazione Cassa di Risparmio in Bologna
Débat avec les participants du colloque
coordonné par Daniela Gallingani,
présidente de la Faculté des langues et littératures étrangères,
membre du conseil de la Fondazione Carisbo
 
Visite de la Bibliothèque d’art et d’histoire de San Giorgio in Poggiale
et des palais de “Genius Bononiae – Musées de la ville”
 
13h Déjeuner conclusif

dimanche 5 février 2012

Conférence d'histoire du livre

École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre

Lundi 6 février 2012
16h-18h
Introduction à l’histoire des classifications

par
Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études

La conférence abordera le problème de l’histoire de la taxinomie et des classifications bibliographiques, en développant d’abord quelques considérations théoriques: la classification bibliographique relève de deux domaines largement disjoints l’un de l’autre, et qui sont, d’une part, la théorie du classement des connaissances, et de l’autre l’économie des livres. Cette dernière formule elle-même recouvre des réalités différentes : on pense naturellement au classement et au rangement des livres sur les rayons, mais il faut aussi penser à la nécessité économique qui est celle de produire et de faire circuler une information bibliographique permettant de diffuser les productions (d’où l’édition de catalogues, etc.).
Les logiques de classement sont d’une grande variété, mais elles peuvent se réduire à trois modèles théoriques fondamentaux:
1) Le premier, qui est longtemps le plus pratiqué, se réfère au contenu des livres (caractères internes des livres), et le classement se fait en général par sujets (c’est un classement systématique). Pourtant, on peut aussi classer en fonction de caractères particuliers: un classement relativement fréquent semble être celui par langues, notamment le latin et le grec à la Renaissance, puis les différentes langues modernes (avec l’opposition entre la langue vernaculaire principale et les langues dites «étrangères»). C’est évidemment à ce niveau que le rapport est le plus direct avec la théorie de la classification des connaissances –mais pas seulement : une catégorie spécifique concerne les livres interdits, voire ceux dont on estime que l’on ne pourra pas les mettre «entre toutes les mains» («l’Enfer»).
À Admont, une partie du rayons des "Écritures" (Scripturae)
2) Articulé avec le premier, le second modèle se fonde sur ce que nous avons appelé l’«étiquette», autrement dit la formule de référence permettant d’identifier le texte –et le livre. Cette étiquette peut se limiter à l’incipit, mais sa forme classique articulera les deux catégories fondamentales de l’auteur et du titre, complétées progressivement par des catégories secondaires, notamment l’adresse bibliographique. Dès lors que le classement est celui des étiquettes normalisées, il devient possible d’appliquer au corpus un modèle abstrait, celui de l’ordre alphabétique (classement par auteurs ou par titres): mais d’autres catégories peuvent être employées, avec par exemple le classement par ordre chronologique des éditions (cas des incunables), celui par villes d’édition, voire celui qui se cale sur les pratiques d'utilisation (avec les fonds d'usuels mis à disposition dans les bibliothèques, à commencer par les livres enchaînés: cf. cliché).
3) Le troisième modèle est celui qui privilégie les caractéristiques physiques externes des objets (des livres): il s’agit le plus souvent des formats, mais le classement peut aussi se faire selon d’autres critères, comme ceux de la fabrication du volume (les manuscrits sont classés à part), de la présence en nombre d’illustrations («livres illustrés»), ou encore du caractère particulièrement rare ou précieux des exemplaires (aboutissant à l’institution de «réserves des livres rares et précieux»). Ces indicateurs sont intéressants a posteriori, parce qu’ils informent éventuellement sur les objectifs des responsables, bibliothécaires ou libraires, et sur les conditions dans lesquelles s’exerce leur activité.
Bien entendu, les trois catégories ainsi définies ne se présentent en général pas comme des entités indépendantes: le classement principal est complété par des sous-classements spécifiques, tandis que d’autres instruments de travail sont mis à disposition en complément de la série principale. C’est ainsi qu’un catalogue systématique pourra être complété par des jeux d’index alphabétiques permettant de retrouver les textes ou les volumes que l’on cherche, tandis que la disposition des volumes sur les rayonnages d’une bibliothèque (classement topographique) suppose de disposer d'instruments de travail permettant à l’utilisateur de localiser lesdits volumes.
Différents exemples de catalogues et de bibliothèques des périodes médiévale et moderne (surtout jusqu’au XVIIe siècle et à Gabriel Naudé) seront donnés comme illustrations.

Nota: La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h. Pendant la fermeture de la Sorbonne, la conférence a lieu au 190 avenue de France, 75013 Paris (1er étage). Le secrétariat de la IVe Section se situe dans les mêmes locaux, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2011-2012.
Accès les plus proches (250 m. à pied): Métro: ligne 6 (Nation-Pte Dauphine), station Quai de la Gare. Bus 89, arrêt Quai de la Gare (cette ligne dessert notamment la Gare Montparnasse, puis elle passe rue de Rennes et place du Luxembourg).
Accès un petit peu plus éloignés: Métro: ligne 14, station Bibliothèque François Mitterand. RER ligne C, station Bibliothèque François Mitterand. Bus: 62 (arrêt Bibliothèque François Mitterand Avenue de France) et 64 (arrêt Bibliothèque François Mitterrand).


Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences et les éventuelles modifications sont régulièrement annoncés sur le blog. N'oubliez pas, comme disent les informaticiens, de «rafraîchir» la page du calendrier quand vous la consultez).

vendredi 3 février 2012

Un usuel fondamental sur l'Imitation de Jésus-Christ

Édition et diffusion de l’Imitation de Jésus-Christ (1470-1800). Études et catalogue collectif des fonds conservés à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à la Bibliothèque nationale de France, à la bibliothèque Mazarine et à la bibliothèque de la Sorbonne, sous la direction de Martine Delaveau et Yann Sordet…,
Paris, Bibliothèque nationale de France, 2011,
514 p., ill.

Sommaire
Préface

Études
Qui me suit ne chemine point en ténèbres, par Martine Delaveau et Yann Sordet
Le Paradigme de l’Imitation, par Pierre Antoine Fabre
L’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ: une longue controverse, par Mario Ogliaro, traduit de l’italien par Yann Sordet
Quelques observations sur les origines d’un succès européen, par Frédéric Barbier
Suites et cycles: les éditions illustrées de l’Imitation de Jésus-Christ au XVIIe siècle, par Véronique Meyer
Un livre pour tous: lectures multiples de l’Imitation (XVIIe-XIXe siècle), par Philippe Martin,
L’Imitation en milieu ecclésiastique, par Martine Delaveau
Usages, appropriations, transmission de l’Imitatio Christi: l’enseignement des exemplaires, par Yann Sordet

Présentation des fonds
Adresses des bibliothèques
La donation Delaunay: pourquoi à la bibliothèque Sainte-Geneviève?, par Yann Sordet
Acquisitions ponctuelles, confiscations massives: les éditions de l’Imitation de Jésus-Christ dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, par Martine Delaveau
Les éditions de l’Imitation de Jésus-Christ dans les collections de la bibliothèque de l’Arsenal, par Martine Lefèvre
La bibliographie comme arme de guerre contre la «sophistiquerie» et «l’imposture»: la constitution du fonds d’Imitation de Jésus-Christ à la bibliothèque Mazarine, par Fabienne Queyroux

Bibliographie
Illustrations
Catalogue [en 932 notices classées chronologiquement]
Addenda
Tables et index (index par langues, des noms, des lieux d’édition, des traducteurs, des provenances, etc.).

ISBN: 978-2-7177-2489-9 (BnF)

mercredi 1 février 2012

Histoire du livre au quotidien... en 1819

La publication du Voyage pittoresque de la Grèce s’est étendue presque sur un demi siècle: après le premier volume, terminé en 1782, la sortie du deuxième volume est considérablement retardée par le déclenchement de la Révolution française, puis par le départ du comte de Choiseul-Gouffier, alors ambassadeur de France à Constantinople, pour se réfugier à Saint-Pétersbourg. Le travail reprend difficilement après le retour de l’émigré à Paris, un premier ensemble sort en 1809, mais tout est à nouveau interrompu par le décès du comte à Aix-la-Chapelle (1817).
On sait que, dans les mois qui suivent cette disparition, le libraire Jean-Jacques Blaise, originaire de Normandie (Falaise), rachète l’ensemble de la documentation relative à ce qui reste à publier («manuscrits, dessins, planches») et les droits du Voyage pittoresque. Entré dans la librairie probablement par son mariage avec Anne Mécquignon, elle-même parente d’une des principales familles actives dans la branche, Blaise est alors établi «À la Bible d’or», à Paris, 24 rue Férou, entre le palais du Luxembourg et l’église Saint-Sulpice.
Il donnera une réimpression du tome I, et publiera le tome II dans son intégralité, après avoir fait compléter autant que possible le texte, et graver de nouvelles planches. Pour ce véritable travail d’édition scientifique, il réussit à s’attacher la collaboration de l’académicien Barbié du Bocage (1760-1825), lequel avait déjà travaillé au tome I. Il précise en outre : «Je n’ai pas été moins heureux pour l’exécution des belles gravures qui terminent le Voyage pittoresque, puisque j’ai retrouvé M. Hilaire, artiste distingué, un des collaborateurs de M. de Choiseul, et M. Dubois, qui récemment fut chargé par l’auteur de faire le voyage de la Troade, pour y lever des plans et recueillir des renseignements…»
Une lettre inédite adressée par Barbié du Bocage à Blaise (datée de Paris, le 30 septembre 1819), précise la manière dont le travail s’est fait:
J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur Blaise les dessins pour la Carte de la Plaine de Troie afin de les donner à M. Bouclet. Je passerai chez celui-ci pour m’entendre avec lui. Je n’ai pas mis la lettre pour ces dessins, parce que ce n’est pas l’affaire de M. Bouclet. Je la mettrai sur une épreuve tirée sur papier collé lorsqu’il aura fait tous les changemens nécessaires. Il me reste encore quelques points à vérifier mais j’aurois eu besoin de deux des dessins que de M. Dubois qui sont entre les mains de M. Hilaire. Je donnerai ces petites corrections à M. Bouclet lorsque ces dessins seront revenus de chez M. Hilair.
Bien le bonjour.
Son serviteur
Barbié du Bocage
Ce 30 7bre 1819
[Au verso, p. 4 : M. Barbié 30 – 7bre – 1819]
Identifions les éléments mentionnés dans la lettre : la «Carte de la plaine de Troie» figure en effet au tome II du Voyage, et les signatures précisent qu’elle a d’abord été levée par Cassas en 1786-1787 (lors de son séjour au Palais de France), mais que Barbié du Bocage l’a «corrigée et augmentée» effectivement en 1819.
Apparemment, on a conservé le dessin initial, compris dans le lot cédé à l'éditeur. Il s’agit désormais de le faire graver, et c’est l’éditeur qui transmettra le dessin au graveur pour la confection de la planche. Fr. Bouclet est un professionnel installé à Paris, où on le rencontre déjà à l’époque de la Révolution: l’Almanach du commerce de Paris de l’an V (1805) le signale comme «graveur en géographie», domicilié 5 rue des Boulangers. Il s’agit donc d’un spécialiste de la confection des cartes.
Barbié du Bocage indique d’autre part qu’il passera lui-même chez le graveur, pour accélérer le travail et proposer quelques modifications (il est fait mention de «changements» à apporter avant le tirage de l’épreuve).
En revanche, Bouclet n’est pas «graveur en lettres», et les indications de légendes, etc., devront être reportées ensuite par un autre spécialiste: Barbié du Bocage, le moment venu, les indiquera sur l’épreuve. Il est probable que ce spécialiste est Beaublé, dont le nom figure comme «écrivain» (scripsit) sur d’autres plans publiés dans le Voyage à la même époque.
Enfin, nous voyons que le petit groupe des collaborateurs de Choiseul-Gouffier est reconstitué: certains des dessins préparés par Dubois en Troade se trouvent présentement chez Hilaire, et Barbié du Bocage attend leur restitution avant la mise au point définitive.
Au total, un petit document issue de la vie quotidienne, mais qui, mis en relations avec l’histoire d’un titre particulièrement complexe, nous éclaire efficacement sur les pratiques de la librairie parisienne en ces premières années de la Restauration, et, implicitement, sur les processus de continuité entre l’Ancien Régime et les premières décennies du XIXe siècle.

Frédéric Barbier, Le Rêve grec de Monsieur de Choiseul. Les voyages d’un européen des Lumières, Paris, Armand Colin, 302 p., ill.