jeudi 23 décembre 2010

Voeux de fin d'année

Avec mes meilleurs vœux
pour les fêtes de fin d'année!










 


Mit meinen allerbesten Wünschen
für frohe Weinachtstage!

Kellemes Karácsonyi Ünnepeket
és Boldog Új Évet!

lundi 20 décembre 2010

Histoire du livre et innovation de produit (2)

Une génération après l'invention de Gutenberg, la diffusion de la technique nouvelle est déjà relativement large en Europe, et la production d'imprimés s'accroît rapidement: mais ceux-ci reproduisent le modèle des livres manuscrits du Moyen Âge, alors même que le public de ces livres n'est pas susceptible de s'ouvrir en proportion. La crise de surproduction qui en découle pousse à une certaine réorganisation de la branche, et surtout au développement de ce que nous désignons comme l'innovation de produit: inventer des produits nouveaux, qui soient susceptibles de capter une clientèle elle-même nouvelle.
Du point de vue matériel (celui de l'objet), l'innovation peut porter sur le contenu (imprimer et diffuser des textes nouveaux) comme sur la forme matérielle. Le Liber chronicarum (HC 14508*) du médecin nurembergeois Hartmann Schedel (1440-1514) illustre surtout la seconde dimension: il s'agit en effet d'une chronique universelle, organisée selon le modèle traditionnel des âges du monde, mais qui innovera de manière spectaculaire en ce qui concerne sa "mise en livre" (exemplaire numérisé par la Bayerische Staatsbibliothek).
En effet, le choix est, d'abord, celui d'un ouvrage exceptionnel, qui impressionne par son format (in folio) et plus encore par sa magnifique illustration xylographiée  (on sait que le jeune Albrecht Dürer y a collaboré). La double page donnant la vue de Nuremberg à la fin du XVe siècle est bien sûr la plus spectaculaire, d'autant qu'il s'agit d'une représentation réaliste (les artistes étaient sur place et connaissaient la ville), et non pas, comme pour certaines autres villes, d'une sorte de juxtaposition de ce que nous pourrions presque appeler des "clichés" (cf. la vue de Lyon, celle de Constantinople, etc.).
Les documents aujourd'hui conservés dans les Archives municipales de Nuremberg témoignent en outre du soin porté à la mise en page d'un ouvrage qui a évidemment nécessité des investissements très lourds. La vue de Strasbourg (lat. Argentina) montre la sophistication très élégante d'une double page dans laquelle la flèche de la célèbre cathédrale sort du cadre de l'image pour se développer dans la marge intérieure du recto de droite.
Plus intéressants encore sont les éléments qui témoignent de ce que l'ouvrage est désormais conçu pour la consultation: d'une part, c'est l'organisation matérielle du texte pour en faciliter la lecture, la mise en paragraphes, et surtout la scansion des bois gravés.
D'autre part et surtout, ce sont les informations imprimées sur les feuillets eux-mêmes, à savoir le titre courant (qui précise l'âge du monde) et la foliotation en chiffres romains ("Fol. XXX").
La présence de cette foliotation est indispensable dès lors que l'on a voulu inclure dans le volume un index alphabétique, lequel renvoie précisément aux numéros des feuillets. Comme nous l'avons montré ailleurs (notamment dans L'Europe de Gutenberg), le procédé qui consiste à repérer des passages du texte (du contenu) en fonction des composantes normalisées qui en constituent le support (le livre, alias l'interface) se révèlera jusqu'à aujourd'hui particulièrement puissant.
Dans les deux dernières décennies du XVe siècle, c'est donc bien l'innovation de produit qui se déploie progressivement, avec l'invention du livre imprimé et la mise en place d'une logistique de la communication sur laquelle nous vivons en grande partie jusqu'à aujourd'hui.

Note bibliogr.: Stephan Füssel, Die Welt im Buch. Buchkünstlerischer und humanistischer Kontext der Schedelschen Weltchronik von 1493, Mainz, Gutenberg Gesellschaft, 1996 (ISBN 3-7755-2111-9).

samedi 18 décembre 2010

HIstoire du livre et innovation de produit (1)

Il y a quelques semaines, nous avons publié sur ce blog trois billets successifs consacrés à la logique de l'innovation: 1, 2, 3). L'ambition de cette théorie est de proposer une grille de lecture applicables (en l'adaptant éventuellement) aux révolutions successives de la "librairie" et du livre jusqu'à aujourd'hui (voir la note bibliogr. infra). Nous voudrions aujourd'hui le volet traitant de l'innovation de produit au XVe siècle, et cela à travers trois exemples.
Le premier exemple sera donné par la magnifique édition de la Cité de Dieu de saint Augustin (Aurelius Augsutinus) publiée à Mayence par Peter Schoeffer en 1473 (HC 2057*). Le caractère est le caractère Fraktur typique de Mayence, dans lequel l'influence latine est restée très présente. Mais surtout, on remarquera le soin que l'imprimeur a pris pour pour donner à la mise en livre une forme qui reproduise celle d'un manuscrit.
L'incipit traditionnel- lement rubriqué (autrement dit copié en rouge par le rubricateur) est ici imprimé en rouge, ce qui complique et renchérit le travail d'impression. Mais la superbe lettre filligranée et peinte est  réalisée après coup à la main, très certainement par des spécialistes présents dans l'atelier même de l'imprimeur.
Comme le cliché est pris en gros plan, on distingue en outre parfaitement, dans le corps du texte, la présence des lettres abrégées (par ex. le a et le u tildés, à l'avant dernière ligne, pour qua[m] et pour nu[n]c).
Plus intéressante encore sont les lettres liées, dont la logique de la typographie supposerait qu'on les abandonne mais qui ont été conservées pour des raisons esthétiques (ce que j'ai appelé ailleurs "l'esthétique de la trace": cf bibliogr.): le scripteur du manuscrit ne lève toujours pas la plume entre deux lettres, surtout s'il écrit de manière cursive. Par suite, des caractères spécifiques de lettres doubles ont parfois été gravés fondus pour reproduire ce modèle: par ex., à la première ligne, la liaison du s long et du t dans Augustini, et le double pp qui suit; à la ligne suivante, le de, etc.
Même si la rationalisation typographique a abouti à la disparition généralisée de ces signes spécifiques, certains ont été conservés dans l'orthographe française d'aujourd'hui: l'accent circonflexe n'est rien d'autre qu'un ancien tilde (forest transcrit par forêt); de même, nous connaissons toujours des lettres liées (œ et æ) tout comme, en allemand, le ß (double ss long lié). L'esperluette, aujourd'hui plus couramment désignée comme le "et commercial" (&) reproduit l'abréviation manuscrite et.
Il s'agit là de véritables reliques des pratiques de copie héritées du Moyen Âge, que la typographie gutenbergienne n'a pas fait complètement disparaître et que l'on retrouve jusqu'à aujourd'hui dans les logiciels de traitement de texte.
Le Psautier de Mayence, en 1457 (H 13479), illustre à la perfection ce schéma: il constitue notre deuxième exemple. Pour les successeurs de Guten- berg en effet, l'objectif est de reproduire mécani- quement le modèle d'un psautier manuscrit, et notamment d'imprimer en plusieurs couleurs non seulement le texte en noir, mais aussi les passages rubriqués, et surtout les lettres filigranées peintes en rouge et en bleu (voir détails). Le résultat, spectaculaire, témoigne pourtant aussi des limites du modèle de la reproduction: la technique mise en œuvre est trop complexe et d'un coût certainement trop élevé pour être réellement viable. Une dizaine d'exemplaire du Psautier de Mayence est connue aujourd'hui, dont, en France, celui donné par le roi René au couvent de la Baumette, et conservé à la Bibliothèque municipale d'Angers (cliché ci-dessus).
Nous refermerons ce billet avec un dernier exemple, qui illustrera au contraire l'émergence de l'innovation de produit à partir des décennies 1480 et 1490.
(lire la suite)

Note bibliogr.:  
sur les "révolutions du livre" Les Trois révolutions du livre : actes du colloque international de Lyon/Villeurbanne (1998), pub. sous la direction de Frédéric Barbier, Genève, Droz, 2001  (Numéro spécial de la Rev. française d'hist. du livre, 106-109, 2000). Les 3 [trois] révolutions du livre [catalogue de l’exposition du CNAM], Paris, Imprimerie nationale, Musée des arts et métiers, 2002.
sur l'esthétique de la trace: Frédéric Barbier, « Les codes, le texte et le lecteur », dans La Codification : perspectives transdisciplinaires, dir. Gernot Kamecke, Jacques Le Rider, diff. Genève, Librairie Droz, 2007, p. 43-71 (la formule figure p. 50) (« Études et rencontres du Collège doctoral européen EPHE- TU Dresden », 3).

mercredi 15 décembre 2010

Avis de soutenance de thèse

Le jeudi 16 décembre 2010 à 14h30
à l'Université de Paris Descartes,
Monsieur Rodolphe Goujet
soutiendra sa thèse de doctorat sur:


La librairie ancienne à Paris:
sociologie d'une profession


Composition du jury: Mme et MM Frédéric Barbier, directeur d'études à l'EPHE, directeur de recherche au CNRS; Guy-Michel Leproux, directeur d'études à l'EPHE; Antigone Mouchtouris, professeur à l'Université de Metz; Bernard Valade, professeur à l'Université de Paris-Descartes (directeur de la thèse); Patrick Watier, professeur à l'Université de Strasbourg.

Université de Paris-Descartes (École doctorale 180)
Salle du Conseil,
12 rue de l'École de médecine, 75006 Paris
La soutenance est publique.

(Cliché: sur le quai Malaquais, gravure tirée de La Vie parisienne, Paris, Libr. Charpentier. FB)

mardi 14 décembre 2010

Conférence d'histoire du livre

Dans le cadre des accords Erasmus entre l'Enssib et l'université de Neuchâtel, le professeur Olivier Christin propose un cours sur
La bibliothèque Princesse Anna Amalia de Weimar
à l'Enssib (Villeurbanne),
le mardi 14 décembre de 15h à 18h.

Sur cette bibliothèque, on consultera aussi la notice du Handbuch de Bernhard Fabian. La princesse Anna Amalia de Saxe Weimar Eisenach († 1807), régente jusqu'à ce que son fils Karl August puisse monter sur le trône, contribue à faire de la principauté un État gouverné selon le modèle du despotisme éclairé. La bibliothèque princière est ouverte au public des savants depuis la fin du XVIIe siècle, et considérablement enrichie. On sait que Goethe lui-même sera chargé de son administration, ce qui explique que la Bibliothèque Anna Amalia soit aujourd'hui spécialisée dans la conservation et l'étude de la littérature allemande (Stiftung Weimarer Klassik).
A la suite du tragique incendie de 2004, la Bibliothèque a fait l'objet de lourds travaux de réaménagement et de restauration (y compris pour les collections), qui ont permis de la réouvrir au public en 2007.

Vidéo sur la Bibliothèque Anna Amalia


Communiqué par Raphaële Mouren et par la rédaction

dimanche 12 décembre 2010

Propositions de bourse

Quatre bourses doctorales sont ouvertes à candidature sur le thème
"L'Europe et l'invention de la modernité".
Ce cursus s'inscrit dans le cadre du programme doctoral européen en sciences humaines et sociales ouvert par l'EPHE (Paris), en partenariat avec l'EHESS (Paris), la Humboldt Universität (Berlin), l'Istituto Italiano di Scienze Umane (Florence) et la Central European University (Budapest).
Toutes les informations utiles à une candidature (description; formulaire et dates de réponse) sont disponibles à l'adresse: candidature.

La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 17 janvier 2011.

Cf (entre une infinité d'autres titres): Frédéric Barbier, L'Europe de Gutenberg. Le livre et l'invention de la modernité occidentale, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Librairie Belin, 2006.

Histoire du livre: conférence de l'EPHE

École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre

Lundi 13 décembre 2010

Le public et le privé, ou
Qu'est-ce qu'une bibliothèque des Lumières? (fin)
par
Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études, directeur de recherche au CNRS

La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h.
Pendant la période intermédiaire où la Sorbonne est fermée mais où l'immeuble "Le France" n'est pas encore accessible, les conférences auront lieu au CROUS, 31 ave Georges Bernanos, 75005 Paris (RER B, station Port-Royal).
L'entrée se fait par le Centre sportif Jean Sarrailh à gauche du bâtiment du CROUS.  Le secrétariat de la IVe Section est localisé au 10 rue de la Sorbonne, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2010-2011.

Cliché: façade de la Bibliothèque publique et universitaire (BPU)  de Neuchâtel (Suisse), 2010 (cliché FB). Sur l'histoire de la BPU

Calendrier des conférences (attention: les sujets à jour des conférences sont annoncés sur ce blog)

mercredi 8 décembre 2010

Le temps de l'Avent

La neige qui aujourd’hui tombe dru sur Paris vient nous rappeler que Noël approche, et que nous sommes entrés dans la période de l’Avent: l’étymologie du mot (adventus, arrivée) fait en effet référence à la naissance du Christ, alias le jour de Noël. Le quatrième dimanche avant Noël ouvre l’année ecclésiastique, et Noël même marque presque le solstice d’hiver, à partir duquel le jour commence à augmenter et la nuit à diminuer…
La Nativité constitue l’un des sujets classiques qui apparaît dans les livres d’Heures. Ces derniers sont des volumes au format réduit (petit quarto), dont la multiplication est liée au développement de la spiritualité laïque à la fin du Moyen Âge. Les Heures sont imitées des bréviaires, mais destinées à une clientèle de non clercs: on y trouvera des extraits des Écritures et de la liturgie, et des prières, le tout dans une forme particulièrement soignée (il n’est que de penser aux Très riches heures du duc de Berry). L’iconographie de l’Annonciation représente le plus souvent la Vierge lisant ses Heures au moment où l’ange lui apparaît. Mais on retrouve des Heures sur un très grand nombre de tableaux, comme l'admirable Vierge du chancelier Rolin, visible aujourd’hui au Louvre.
Avec l’essor de la typographie, le modèle des Heures de luxe n’est plus accessible seulement aux plus hauts personnages: il touche progressivement une clientèle toujours très aisée, mais un petit peu plus large. Il s’agit désormais de petits in-quarto, imprimés sur vélin, très illustrés et dont les initiales, voire les gravures, sont souvent peintes. Les Heures sont propres aux différents diocèses (leur destination apparaît notamment dans la liste des saints du calendrier), mais les Heures de Rome sont reçues dans toute la chrétienté.

Nous connaissons quelque 1600 éditions d’Heures aux XVe et XVIe siècles, dont 90% sont parisiennes. Un des ateliers spécialisés est celui de Philippe Pigouchet, qui travaille à l’enseigne de l’«Homme sauvage» et qui imprime des Heures pour différents diocèses sur des commandes du libraire Simon Vostre.
Ces livres somptueux adoptent tous la même disposition, avec une grande place donnée à l’iconographie: la page est illustrée par une gravure surmontant quelques lignes de texte, avec un encadrement de petits bois combinés pour constituer des bordures. Parfois, le texte est plus important, et la décoration se limite au seul encadrement.
La gravure de cette superbe édition d'Heures (cf. cliché) met en scène la crèche, dans un encadrement inspiré de l'architecture gothique et sommé de deux figures de bergers (identifiables à leur bâton). Les détails que la tradition rapporte sur la naissance du Christ ne figurent pas tous dans les Évangiles: les bergers mentionnés dans Luc (II, 8 et suiv.) mais surtout repris par le Pseudo-Matthieu (XIII, 6) deviennent, au même titre que les «mages», des personnages importants du récit (voir commentaire sur le Calendrier des bergers). Ce n’est pas ici le lieu, que de gloser sur le berger, à la fois figure biblique (les Psaumes comparent Dieu à un berger) et emblème de la sagesse que lui ouvre sa connaissance directe de la nature. D'une certaine manière, la figure du berger n'est pas si éloignée de celle du sorcier...
La Vierge et le Christ sont au centre de l'image, alors que Joseph domine l'arrière-plan, où l'on voit aussi le bœuf et l'âne (on appréciera la justesse de la représentation de ce dernier à l'étable pendant l'hiver). Du côté du spectateur, les personnages venus adorer le Christ, et dont les noms gravés ont souvent été mal lus par les commentateurs: de gauche à droite, «Aloys», «Alison», «Gobin le Gay», «le Beau Roger», «Mahault» et «Ysanber» (on notera aussi la présence dans le groupe de deux bergers qui sont en fait des... bergères).
Les fonds en criblé et la finesse de la réalisation montrent qu'il s'agit d'une gravure qui n'a peut-être pas été réalisée sur bois, mais sur métal (en relief). On a, bien entendu, le sentiment de se trouver devant une manière de mise en scène dont la perspective est très soignée et qui fait penser aux «mystères» donnés au porche des églises. Les petits bois constituant l'encadrement sont inspirés de passages de l'Ancien Testament, et notamment du Cantique des Cantiques: «Viens avec moi du Liban, ma fiancée...» (IV, 8 et suiv.), ou encore: «Les fils de ma mère se sont irrités contre moi» (I, 6). Cette iconographie constitue ici une partie du cycle de la vie de la Vierge, tel que rapporté en particulier dans la Légende dorée de Jacques de Voragine.
Une des scènes représentées dans la bordure inférieure de la page concerne d'ailleurs l'épisode de l'Assomption dans lequel Marie fait remettre par un ange sa ceinture à Thomas, pour le convaincre de ce qu'il n'avait pas vu (Thomas n'avait pas assisté aux funérailles de la Vierge). Quant à la Sybille de Delphes, en bas à droite, elle est une figure classique d'une iconographie qui la place parfois sur le même plan que les prophètes de l'Ancien Testament: la Sybille représentée par Michel Ange au plafond de la Chapelle Sixtine, au cœur même du Vatican, est à cet égard particulièrement célèbre.

Cliché: Horae ad usum Romanum, Paris, Philippe Pigouchet, pour Simon Vostre, 22 août 1498, 4° (Bibliothèque municipale de Valenciennes, Inc. 18).

mardi 7 décembre 2010

Histoire du livre: avis de soutenance de thèse

Le vendredi 10  décembre 2010 à 14h30
à l'Université de Neuchâtel (Suisse),
Monsieur Frédéric Inderwildi
soutiendra sa thèse de doctorat sur:


Acteurs et réseaux commerciaux dans la librairie d'Ancien Régime:
la Société typographique de Neuchâtel (1769-1789)



Composition du jury: MM.
Frédéric Barbier, directeur d'études à l'EPHE, directeur de recherche au CNRS (co-directeur de la thèse);
Philippe Henry, professeur honoraire à l'Université de Neuchâtel (co-directeur de la thèse);
Michel Porret, professeur à l'Université de Genève;
Jean-Claude Waquet, directeur d'études, président de l'EPHE 

Université de Neuchâtel (Institut d'histoire), et
EPHE (École doctorale 472, mention Histoire, textes et documents)

Lieu: Université de Neuchâtel, Faculté des lettres et sciences humaines,
Espace Louis Agasiz 1 (salle R.N. 02).
La soutenance est publique.

lundi 6 décembre 2010

Histoire du livre: conférences à Lyon...

Mardi 7 décembre
Maison de l’Orient méditérannéen
5/7 rue Raulin, 69007 Lyon
(amphi Benvéniste)
16h
Mathew McGowan, Assistant Professor, Fordham University
«Robert Estienne et la tradition de la lexicographie latine».
Conférence organisée par HiSoMA et le GRAC
18h
Edoardo Barbieri, Professore ordinario, Universita cattolicà del Sacro Cuore, Milan, directeur du Centro di Ricerca Europeo Libro Editoria Biblioteca
«Entre poésie religieuse et philologie : l'édition de Jacopone da Todi, Florence, 1490».
Conférence organisée dans le cadre des échanges Erasmus entre l’enssib et l'Università cattolica.

Mercredi 8 décembre, 17h
Enssib
,17-21 bd du 11 novembre 1918, Villeurbanne (salle N.1.29)
Edoardo Barbieri, Professore ordinario, Universita cattolicà del Sacro Cuore, Milan, directeur du Centro di Ricerca Europeo Libro Editoria Biblioteca
«Les livres publiés par le monastère des "Convertite" a Venise:
Qui est l'imprimeur ? Qui est l'éditeur?»
Cette conférence a lieu dans le cadre du séminaire «Auteur, traducteur, imprimeur, collaborateurs... qui écrit?»

Raphaële Mouren, maître de conférences, 
Université de Lyon-enssib
Présidente, IFLA Rare Books and Manuscripts Section
Cliché: à Lyon, l'entrée de la rue Mercière, artère traditionnelle de la librairie (cliché FB).

samedi 4 décembre 2010

Histoire et civilisation du livre. Revue internationale

Vient de paraître:
Histoire et civilisation du livre. Revue internationale, VI (2010), Genève, Librairie Droz, 2010, 442 pages, ill., cartes.
ISSN 1661-4577. ISBN 978-2-600-01442-7
- Sommaire, p. 2
- Éditorial, p. 5
- L’Apparition du livre et l’histoire du livre en Italie, par Mario Infelise, p. 7
- Appendre le métier d’historien : correspondance inédite adressée par Lucien Febvre à Henri-Jean Martin, 1952-1956, édition par Frédéric Barbier, p. 17

Le paratexte, dossier préparé par Françoise Waquet
- Introduction, par Françoise Waquet, p. 35
- Les «pages de titre» des manuscrits coraniques, par François Déroche, p. 43
- Nel laboratorio du Ulisse Aldrovandi: un indice manoscritto di lettura in un volume stampa, par Maria Gioia Tavoni (avec résumé en français), p. 65
- Le monde dans le livre, le livre dans le monde: au-delà du paratexte. Sur le privilège de librairie dans la France du XVIIIe siècle, par Nicolas Schapira, p. 79
- Les légendes des illustrations comme genre littéraire, par Michel Melot, p. 97
- Les vingt-huit mille six cent soixante-dix figures du Traité de zoologie du professeur Grasse: histoire de la fabrication d’un paratexte (1948-1999), par François K. Jouffroy, p. 109
- Les préfaces de la Bible de Port-Royal: essai de formation d’un nouveau lecteur, entre spiritualité médiévale et raison cartésienne, par Bernard Chédozeau, p. 130
- Il tipografo nel paratesto: identità, pubblicità, celebrità, par Anna Giulia Cavagna (avec résumé français), p. 143
- Le paratexte et l’identité des collections littéraires, 1830-1860, par Isabelle Olivero, p. 161
- Index librorum, locorum et nominum, par Frédéric Barbier, p. 177

Études d’histoire du livre
- “Pages arrachées du livre de Satan…” Quelques réflexions sur le combat des bibliophobes et des bibliophiles dans l’Espagne du XVIe siècle, par François Géal, p. 193
- Aux sources iconographiques des Figures de la Bible troyenne, par Marie-Dominique Leclerc, p. 221
- Gabriel Naudé, entre bibliothèque docte et cabinet de curiosités, par Sara Decoster, p. 255
- Une comparaison Trans-Manche : les gens du livre en Basse-Normandie et dans le sud-ouest de l’Angleterre au XVIIIe siècle, par Ian Maxted, p. 279
- Le livre idéal dans l’Europe de 1900: essais préraphaélites autour de l’Ut pictura poesis, par Florence Alibert, p. 297


Livres, travaux et rencontres
- Histoire du livre et histoire des idées: à propos d’une collection universitaire, par István Monok, p. 331
Colloques et séminaires
- Le colloque «L’écrivain et l’imprimeur»: une étape marquante de la recherche, par Frédéric Barbier, p. 341
- Dialogue Amériques-Ibérie-France: le IIe Séminaire brésilien «Livre et histoire éditoriale», par Marisa Midori Deaecto, p. 353
Comptes rendus
- Cinquante ans d’histoire du livre (Olivier Grellety-Bosviel), p. 365
- Sur la librairie de la Renaissance dans les «anciens Pays-Bas» (Frédéric Barbier), p. 371
- The Books of Venise – Il libro Veneziano (Raphaële Mouren), p. 374
- Qui écrit ?, dir. Marianne Furno (Frédéric Barbier), p. 378.
- Lyse Schwarzfuchs, L’Hébreu dans le livre lyonnais au XVIe siècle (Juliette Guilbaud), p. 381
- Titres sur le monde anglo-saxon (Marie-Françoise Cachin, Diana Cooper-Richet, Isabelle Olivero, Claire Parfait), p. 382
- Allemagne et pays d’Europe centrale et orientale (Frédéric Barbier, Juliette Guilbaud, Claire Madl, Isvan Monok), p. 403
- A propos des Lumières et de la librairie des Lumières (Wallace Kirsop, Emmanuelle Chapron, Sheza Moledina), p. 419
- Vanessa Alberti, L’imprimerie en Corse des origines à 1914 (Jean-Charles Geslot), p. 429
- La Pédagogie par l’image en France et au Japon (Michel Melot), p. 432
- Centenaire de La NRF. Jacques Rivière (Frédéric Barbier), p. 433
- Robert Maumet, ‘Au Midi des Livres’ (Jean-Yves Mollier), p. 437
- Tables des illustrations, p. 441

Site de la Librairie Droz
Sommaires des numéros de Histoire et civilisation du livre. Revue internationale parus de 2005 (t. I) à 2009 (t. V): sommaires.

jeudi 2 décembre 2010

Soutenance de thèse de doctorat



Le mardi 7 décembre 2010 à 14h30
Mademoiselle Raphaele BERTHO
soutiendra sa thèse de doctorat sur:


Paysages sur commande
Les missions photographiques en France et en Allemagne
dans les années 1980 et 1990
 


Composition du jury: MM.
Frédéric Barbier, directeur d'études à l'EPHE, directeur de recherche au CNRS (directeur de la thèse)
André Gunthert, maître de conférences à l'EHESS;
Jean-Michel Léniaud, directeur d'études à l'EPHE et à l'École nationale des chartes;
Bruno Péquignot, professeur à l'Université de Paris III;
Michel Poivert, professeur à l'Université de Paris I;  

École doctorale 472, mention Histoire, textes et documents.
Lieu: Bibliothèque nationale de France, 11 quai François Mauriac, 75013 Paris (salle 70: à côté du petit auditorium, entrée Est).
La soutenance est publique.

mardi 30 novembre 2010

Conférence d'histoire du livre




École pratique des hautes études, IVe section
Conférence d'histoire et civilisation du livre


Lundi 6 décembre 2010
Le public et le privé, ou Qu'est-ce qu'une bibliothèque des Lumières?
par
Monsieur Frédéric Barbier,
directeur d'études,
directeur de recherche au CNRS

La conférence d'Histoire et civilisation du livre a lieu tous les lundis à l'École pratique des hautes études, de 16h à 18h.
Pendant la période intermédiaire où la Sorbonne est fermée mais où l'immeuble "Le France" n'est pas encore accessible, les conférences auront lieu au CROUS, 31 ave Georges Bernanos, 75005 Paris (RER B, station Port-Royal).
L'entrée se fait par le Centre sportif Jean Sarrailh à gauche du bâtiment du CROUS.
Il est recommandé aux auditeurs et étudiants de se munir de leur carte d’inscription.
Le secrétariat de la IVe Section est localisé au 10 rue de la Sorbonne, où l'on peut notamment s'informer et se procurer les livrets du Programme des conférences 2010-2011.

Calendrier des conférences
Cliché ci-dessus: la bibliothèque d'Admont (Autriche).

samedi 27 novembre 2010

Histoire du livre, histoire de la lecture et «Leserevolution»

L’histoire de la lecture a constitué l’un des points forts des travaux d’histoire du livre conduits en Occident depuis plusieurs décennies, et cette approche a incontestablement permis des avancées scientifiques spectaculaires. La tradition française de la «nouvelle histoire du livre» fondée avec L’Apparition du livre en 1958 se concentrait plutôt sur les acteurs de la branche de la «librairie», les imprimeurs, les éditeurs et les libraires, puis les auteurs et leur public.
L’élargissement épistémologique que marquent notamment les travaux de Michel de Certeau sur L’Invention du quotidien introduisent la problématique anthropologique comme un des pôles de l’interrogation. Il existe évidemment des déterminants larges (par ex., le niveau technique, les équilibres économiques, les catégories sociales, etc.), mais ceux-ci ne sont jamais absolument… déterminants: on dira plutôt qu’ils tracent un horizon de possibles, à l’intérieur duquel chacun invente ou réinvente, quotidiennement, des «arts de faire» qui sont autant de formes de liberté et, le cas échéant, de dépassement.
Parmi, ces «arts de faire», la lecture en tant que pratique a tout naturellement retenu au premier chef l’attention des historiens du livre. Deux observation principales en ont structuré la réflexion: d’une part, c’est l’opposition classique entre une lecture silencieuse et une lecture orale (ou murmurée), laquelle serait longtemps restée majoritaire. On saint que, lorsque saint Augustin rend visite à saint Ambroise de Milan, il s’étonne de la manière dont ce dernier lit:
« Quand [Ambroise] lisait, ses yeux parcouraient la page et son cœur examinait la signification, mais sa voix restait muette et sa langue immobile. (...) Souvent lorsque nous venions lui rendre visite, nous le trouvions occupé à lire ainsi en silence, car il ne lisait jamais à haute voix » (on remarquera au passage l’allusion à la problématique du sens du texte).
Cette distinction de la lecture orale et de la lecture silencieuse appellerait un certain nombre d’observations, mais nous voulons aujourd’hui nous arrêter plutôt sur le second modèle, celui qui oppose lecture intensive (la lecture et la relecture in extenso des mêmes textes) et lecture extensive. Cette dernière désigne une lecture constamment renouvelée, ou encore une lecture de consultation.
La chronologie fait problème, parce que ces modèles recouvrent souvent une ligne d’évolution implicite et que l’on considère faussement comme «naturelle», celle du progrès: une forme de lecture archaïque (orale, intensive, etc.), et une autre plus moderne (silencieuse, extensive). Les recherches de Rolf Engelsing, surtout son article consacré aux «périodes de l’histoire de la lecture à l’époque moderne», ont eu un grand retentissement: mais le fait que l'auteur présente son concept de «révolution de la lecture» comme désignant une caractéristique fondamentale de l’Allemagne des Lumières, a souvent fait conclure, hâtivement et faussement, que l’invention de la lecture extensive daterait de cette époque.
La théorie d’Engelsing est plus subtile: il s’agit pour lui de montrer que la participation des citoyens (Bürger) à une Allemagne alors en voie d’intégration culturelle rapide s'appuie sur le média de l’imprimé, comme le montrent l’essor de la production, et surtout le développement très rapide des périodiques de toutes sortes. Dans une Allemagne politiquement très morcelée, l’espace public moderne qui se construit est fondé sur l’imprimé –en ce sens, le modèle ainsi développé est peut-être plus «moderne» que celui que la France connaît à la même époque, et qui débouchera sur la Révolution.
Terminons par une remarque: l’iconographie tient une place notable comme source d’une histoire de la lecture pour laquelle le problème des sources est toujours difficile. Les Annonciations ont souvent été utilisées, dans lesquelles la Vierge est surprise par l’ange alors même qu’elle est plongée dans la lecture de ses Heures. Mais nous connaissons aussi un grand nombre d’enluminures, voire de tableaux qui, dès la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, donnent à voir une pratique de lecture extensive dont la mise en scène démontre implicitement la relative banalité.
Un des tableaux les plus intéressants à cet égard est conservé à la Galerie de peintures (© Gemäldegalerie) de Berlin (n° 2142) et date des années 1465. Giovanni di Paolo (mort à Sienne en 1482) y met en scène l’apparition de saint Jérôme à saint Augustin, lequel était en train d’écrire (cf le manuscrit, l’encrier, la plume, le racloir et les lorgnons).
Bien sûr, le spectateur est frappé par la recherche d’une perspective complexe, mais l’historien du livre l’est plus encore par l’image d’un mobilier spécialement conçu pour le travail de l’intellectuel: les livres sont partout autour d’Augustin (plus de trente volumes au total), les uns ouverts, les autres fermés et empilés dans des sortes de placards ou à plat sur des rayonnages. La complication de ce que nous pouvons bien appeler un meuble de bureau, avec plusieurs niveaux de tablettes, témoigne des besoins nouveaux du lectorat savant de l’époque, et peut-être de l'existence d'un mobilier spécialisé dont nous ne savons que trop peu de choses (un colloque sera consacré à ce thème en mai 2011 à Parme). Giovanni nous donne ainsi, sans le vouloir, une remarquable leçon d'anthropologie quand, pratiquement au même moment, la révolution gutenbergienne va bouleverser encore plus en profondeur la relation des auteurs, et des lecteurs, avec le média.

Rolf Engelsing, « Die Perioden der Lesergeschichte in der Neuzeit », dans Zur Sozialgeschichte deutscher Mittel-u. Unterschichten, Göttingen, 1973, p. 112- 154. Rolf Engelsing, Der Bürger als Leser: Lesergeschichte in Deutschland, 1500-1800, Stuttgart, Metzler, 1974.

mercredi 24 novembre 2010

Histoire du livre au Palais Royal de Madrid

Con motivo de la publicación del libro Les voyages d’un Européen des Lumières, Paris, Armand Colin, 2010, y la visita de su autor, Fréderic Barbier,  a la Real Biblioteca, el día 26 de noviembre tendrá lugar en la Sala de Investigadores de la RB un encuentro informal, en el que se abordarán aspectos históricos y bibliográficos de los libros y la literatura de viajes. Junto con Frédéric Barbier y Sabine Juratic - Director y Chargée de recherche respectivamente del IHMC (CNRS-ENS),  está previsto que participen en esta tertulia:  María Jesús Álvarez Coca, Pablo Andrés Escapa, Nicolás Bas Martín, Fernando Bouza,  Maria Luisa Cabral (BNP); Mercedes Fernández Valladares,  Concha Lois, Victoria López-Cordón, María Luisa López-Vidriero, Julián Martín Abad, Stéphane Michonneau, Valentín Moreno Gallego, Victor Nieto Alcaide, Carmen Ramírez, José Luis Rodríguez, Marta Torres Santo Domingo.
Estos son algunos de los temas que serán expuestos para debate: María Victoria López-Cordón: «Lo pintoresco: del italianismo al exotismo; ¿Que es la España pintoresca?; Las fuentes de información: lecturas, relatos y experiencias»; Historia y lugares comunes»; Concha Loís: «Libros de viajes del siglo XIX propuestos para la Biblioteca digital hispánica. Alcance de los proyectos de digitalización de las bibliotecas nacionales»; Carmen Ramírez: «L'archive des voyages dans le conte oriental. Les contes de Gueullette»; M.L. López-Vidriero, «Libros y librerías en los viajes utópicos».

Frédéric Barbier,
Le Rêve grec de Monsieur de Choiseul. Les voyages d’un Européen des Lumières, Paris, Armand Colin, 2010, 336p., ill., index.
A finales del siglo XVIII el joven conde de Choiseul-Gouffier es uno de los primeros viajeros occidentales que visita Grecia con una perspectiva realmente científica (Grecia actual, costa de Asia Menor y Constantinopla). Publicado a partir de 1778, su Voyage pittoresque de la Grèce recibe en toda Europa una tremprana y entusiasta acogida a causa, tanto de la calidad del texto, como de la realización material del volumen y de su magnífica iconografía. Poco despues, el autor fue elegido para ocupar el sillón de d’Alembert en la Academia Francesa, y nombrado embajador de Francia en Constantinopla.
Pero mientras trabaja en la continuación de su libro, los acontecimientos se precipitan en París. La Revolución le impide  regresar a Francia, y deberá refugiarse en Rusia bajo el amparo de la zarina Catalina II, y será el primer director de la nueva Biblioteca Imperial de San Petesburgo. La continuación de su Voyage pittoresque tardará 20 años en ver la luz. A su regreso a París, en 1802, Choiseul-Gouffier se propone crear el primer mueso de antiguedades instalado en la capital francesa. La muerte le impedirá concluir este proyecto.
Antiguo alumno del abad Barthélemy, Choiseul-Gouffier es en primer lugar un arqueólogo, pero es también un Ilustrado, interesado por todo lo que él pueda descubrir en la Grecia de su tiempo: etnografía, economía, política, navegación, geología, historia natural, etc.  El Museo del Louvre consagra este otoño una exposición espectacular a «L’Antiquité en livres, 1600-1800», y se puede afirmar que es una de las principales personalidades del ese movimiento, y una imagen perfecta del ideal aristrócrata de las Luces, que permite redescubrir el libro de Fréderic Barbier bajo la forma de un delicado retrato.
(Communiqué par María Luisa López-Vidriero)
Site de la Bibliothèque du Palais royal

lundi 22 novembre 2010

Histoire du livre: une offre de bourse



Bourse d'étude 2011
Bibliothèque patrimoniale et Archives
du Collège des Irlandais/Centre Culturel Irlandais

Le Centre Culturel Irlandais poursuit le programme scientifique d'étude de ses fonds patrimoniaux, en offrant, pour l'année 2011, deux bourses d'étude à des doctorants, chercheurs, professeurs… susceptibles d'être intéressés par ses collections. Les bourses seront attribuées pour une période de 4, 6 ou 8 semaines, entre janvier et juin 2011.
Le montant de la bourse d'élève à 2000€ par mois.
Parmi les collections, on compte une bibliothèque patrimoniale, regroupant près de 8000 ouvrages (imprimés et manuscrits), ainsi qu’un fonds d’archives de 19000 pièces. Les principales thématiques de la Bibliothèque ne sont pas en lien avec l'Irlande, mais portent sur la théologie, l'histoire, la philosophie... Les Archives historiques, quant à elles, retracent la vie du Collège des Irlandais et de ses pensionnaires, du XIVe au XXe siècle. Pour consulter les catalogues : centreculturelirlandais.
Les sujets sont très ouverts pour candidater à cette bourse. Il peut s'agir de l'étude d'une période, d’un auteur; de recherches sur un sujet historique, l'aspect physique des volumes (reliures, décors, marques de possession), la valeur intellectuelle de certains ensembles thématiques; voire d’une étude descriptive résultant de l'exploitation d'un corpus spécifique et cohérent (les ouvrages en langue anglaise imprimés en France, les manuscrits, les ouvrages imprimés en Angleterre, les impressions écossaises ou irlandaises...).
La priorité sera donnée aux sujets prévoyant l'étude d'un ensemble de documents, plutôt que d'un ouvrage en particulier.
Ces recherches devront aboutir à la rédaction d’un mémoire de 40 à 100 pages (en fonction de la durée du projet).

À titre d'information, les boursiers 2008, 2009 et 2010 ont travaillé sur les sujets suivants :
-Mathew Staunton :"Visualising Irish History": the role of visual materials in the representation of the past and of national identity
-Emmanuelle Chapron :"Lire plume à la main" (étude des marginalia contenues dans les ouvrages de la Bibliothèque Patrimoniale)
-Ian Campbell :"Kingship in Ireland and France": the Old Library of the Irish College, Paris, and Hiberno-French politics in the 17th century
-Frédéric Manzini: "Robert Boyle chez les philosophes en France et en Europe au XVIIe siècle : diffusion et influence"
-Cormac Begadon: "Belief and Devotion in a 19th century Irish Seminary: the evidence from the Irish College Paris Collections"
-Justin Dolan Stover: "Student life, curriculum, and college administration: the Irish College, Paris, under le bureau gratuit, 1870-1918”

Date limite de candidature : 7 décembre 2010.

Les candidatures et travaux peuvent être en français ou en anglais.

Merci de faire parvenir un CV, une présentation du projet d'étude (environ deux pages, précisant aussi la durée souhaitée et vos disponibilités), une bibliographie des documents qui seront étudiés ainsi que tout autre élément que vous jugerez utile de nous communiquer à :
Carole Jacquet, Responsable des ressources documentaires
cjacquet@centreculturelirlandais.com
ou
Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, F-75005 Paris
Tel: 01 58 52 10 33 (ligne directe); 01 58 52 10 83 (médiathèque)
Fax : 01 58 52 10 99
(communiqué par Carole Jacquet)

jeudi 18 novembre 2010

HIstoire du livre dans la monarchie des Habsbourg: un appel à contributions

Chers Collègues,
deutsche Version siehe unten
Nous nous permettons de vous transmettre un appel à contribution pour une section concernant l’histoire du livre qui aura lieu dans le cadre du congrès de Graz en Autriche en juillet 2011: «La monarchie des Habsbourg par le livre = Die Habsburger Monarchie aus der Sicht der Buchgeschichte».
Si vous travaillez vous-mêmes ou si vous connaissez des collègues qui s’intéressent, dans cette spécialité, aux territoires de la monarchie des Habsbourg, nous vous serions reconnaissants que vous leur transmettiez l’appel suivant.
Avec tous nos remerciements et salutations cordiales,


Liebe Kolleginnen und Kollegen,
wir erlauben uns, Ihnen anbei einen CFP für eine Sektion/Workshop zur Buchgeschichte zu übermitteln, der im Rahmen des Kongresses in Graz/Österreich im Juli 2011 stattfinden wird: "La monarchie des Habsbourg par le livre - Die Habsburger Monarchie aus der Sicht der Buchgeschichte".
Wenn Sie selbst gegenwärtig in dieses Fachbereich arbeiten oder Sie Kollegen kennen, die sich für die Habsburgischen Länder im 18. Jahrhundert interessieren, so wären wir Ihnen sehr dankbar, wenn Sie auf diesen CFP antworten bzw. ihn weiterleiten würden.
Mit herzlichem Dank im Voraus und besten Grüßen,

Claire Mádl (CEFRES, Prague),
Michael Wögerbauer (ÚČL AV ČR, Praha)

Répondre à l'adresse: Osmnacte.stoleti@gmail.com

La circulation du livre et de l’écrit au XVIIIe siècle tient d’une part à la structuration de l’Europe intellectuelle héritée de celle mise en place avec l’invention de l’imprimé. Une première concentration en pôles de production et d’échange avait fait apparaître, des Pays-Bas jusqu’à la Lombardie, un axe d’une densité et d’un poids dominant. Les centres qui le constituent sont les nœuds de différents réseaux: communicationnel, économique, intellectuel, artistique et culturel. Le «long XVIIIe siècle
» est quant à lui consacré à la reconstruction d’un marché après la Guerre de Trente ans, à la mise en place de nouvelles pratiques marchandes –notamment dans l’espace germanophone grâce aux foires et à la librairie intermédiaire– à la spécialisation des réseaux de diffusion de l’écrit et à la mise en place des prémisses de marchés nationaux.
Dans cette dynamique, nous nous proposons d’examiner quelle est la place de l’Europe centrale et en particulier de la monarchie des Habsbourg, et si cette dernière peut être considérée comme une entité aux caractéristiques propres. Quelle place et quelle relation entretient-elle avec les grands centres supraétatiques de production et de diffusion du livre (Leipzig, Francfort, Paris, Provinces-Unies...)? Le mouvement dominant reste celui de la réception mais l’on essaiera de prendre en compte tous les mouvements d’échange, y compris ceux de diffusion de la production «locale», soit à l’intérieur de la monarchie, soit vers l’extérieur. Comment fonctionnent les échanges à l’intérieur de la monarchie et dans ses principautés? La diffusion est-elle de plus en plus le propre de réseaux spécialisés (les libraires)? Quel modèle de développement adoptent les réseaux de diffusion de l’écrit? Assiste-t-on à la mise en place d’une hiérarchie de centres locaux, puis régionaux –futurs pôles nationaux– puis correspondant aux capitales étatiques? Des capitales se constituent-elles comme centre de production, de diffusion et des relais de ventes? Ou bien au contraire, une certaine spécialisation fonctionnelle se met-elle en place? Assistons-nous à des effets d’essaimage ou bien au contraire de concentration?

Buch und Schrift bewegen sich im 18. Jahrhundert einerseits noch in den Strukturen eines intellektuellen Europa, wie es die Erfindung des Buchdrucks mitgeschaffen hat. Eine erste Konzentration von Produktion und Austausch hatte zu einer Bildung einer Achse geführt, die von den Niederlanden bis in die Lombardei hin eine große Dichte aufwies und dominant wurde. In ihren Zentren finden sich die Knotenpunkte verschiedener Netzwerke: Kommunikation, Wirtschaft, geisti­ges Leben, Kunst und Kultur.
Im „langen 18. Jahrhundert“ bemüht man sich u.a. um den Wiederaufbau eines (Buch-)Marktes nach dem 30jährigen Krieg und um die Einführung neuer Prakti­ken der Vermarktung, im deutschsprachigen Raum etwa durch Messen und Sortimentsbuchhandel. Überall kommt es zu einer Spezialisierung der Distri­butionskanäle und zu ersten Ansätzen nationaler Buchmärkte. Wir schlagen vor, den Platz Mitteleuropas und vor allem der Habsburgermonar­chie in diese Bewegung eingebettet zu untersuchen und dabei vor allem der Fra­ge nachzugehen, inwiefern letztere als eine Einheit beschrieben werden kann, fürdie bestimmte Eigenschaften charakteristisch sind.
Oft ist davon die Rede, daß sich die Habsburgermonarchie zu dieser Zeit in einer Situation des Aufholens befinde, weshalb es sinnvoll erscheint, nach ihrer Stel­lung und Relation zu den großen, staatenübergreifenden Zentren der Buchpro­duktion und -distribution –Leipzig, Frankfurt, Paris, Vereinigte Niederlande– zu fragen; ebenso aber nach dem Verhältnis zu östlicheren Teilen Europas. Freilichbleibt das rezeptive Moment dominant, doch sollte man alle Austauschprozessein Rechnung stellen und das heißt auch die Versuche, die regionale Produktion sowohl innerhalb der Monarchie zu verkaufen als auch zu exportieren. Wie funktioniert der Buchhandel innerhalb der Monarchie und ihrem Hoheitsge­biet? Ist der Vertrieb immer fester in spezialisierte Netzwerke, das des Buchhan­dels, eingebunden, oder bleiben persönliche Beziehungen, also z. B. Netzwerkevon Gelehrten, religiösen Gruppen oder Adeligen, bestimmend?
Wie entwickeln sich die Vertriebsnetzwerke für Druckwerke? Kommt es zu einer Hierarchisierung lokaler und in weiterer Folge regionaler –und späterer nationa­ler– Zentren? Etablieren sich die Hauptstädte der Staaten als Zentren von Pro­duktion, Distribution und als Umschlagplätze? Oder setzt sich im Gegenteil eine funktionale Spezialisierung durch? Sind wir Zeugen einer Streuung oder einer Konzentration? Unterhalten bestimmte Regionen in den Randlagen der Habsbur­ger Monarchie eher Kontakte mit Zentren in oder außerhalb der Monarchie? Und haben sie für Osteuropa (etwa Galizien oder die Bukuwina) eine Vermittlerrolle spielen können?


(Communiqué par Claire Mádl)

lundi 15 novembre 2010

Retour en Hongrie et en Transylvanie (3)

Le samedi 13 novembre est une journée où (tout arrive!) nous abandonnons  livres et bibliothèques, pour nous consacrer à la découverte de la Transyl- vanie des paysages et des petites villes historiques appartenant aux diverses confessions que l'on rencontre dans le pays - calvinistes, catholiques, luthériens, orthodoxes, uniates, etc.
Après un dîner dans l’ancienne poudrerie de la citadelle reconvertie en restaurant et une nuit reposante à l’hôtel Parc, nous quittons Alba Julia de bon matin par la route du Nord (N 1). La route remonte la large vallée de la Mureș, où le paysage de hauts plateaux apparaît très dénudé. La forêt a été exploitée de manière sauvage à l'époque de Ceaucescu, de sorte que nous nous demandons si elle aurait été alors pratiquement détruite, ou si le paysage naturel est plutôt celui de prairies et de landes que nous avons sous les yeux.
Une première étape nous fait découvrir l’ancienne église fortifiée d’Aiud (Nagyenyed / Straßburg), devenue temple calviniste (cliché 1). L'église surprend par la présence d’une petite enceinte qui permettait à la population de s’abriter en cas de danger. À l'inverse de ce que nous désignons en France sous le terme d’église fortifiée, cette disposition s’apparente plus à celle d’un petit château-fort dont l’église serait le donjon. Face au temple, le collège calviniste impressionne par l’ampleur de ses bâtiments du XVIIIe siècle. Il a été restitué à l’Église, de sorte qu'il fonctionne à nouveau aujourd’hui en tant qu'un établissement d’enseignement d'ailleurs réputé.
À Turda, nous bifurquons franchement par la route 75 vers l’Ouest et vers la montagne. Peu après, par une petite route de traverse (107M), c’est le village de Torockó, dont le nom allemand (Eisenmarkt, roum. Rimetea) dit bien l’activité: il s’agit d’une communauté majoritairement hongroise et surtout étroitement liée à l’exploitation minière de la région.  Le site magnifique fait penser à certains paysages des Cévennes, et le village, pratiquement préservé aujourd’hui, avec ses petites maisons blanches traditionnelles (cliché 2), intègre pourtant un médiocre immeuble de style communiste et une nouvelle et rutilante église orthodoxe qui déparent quelque peu l’ensemble... Un grand lavoir sert à la fourniture d'eau potable, et il est toujours utilisé comme lavoir. Internet abrite un certain nombre de sites intéressants et bien illustrés sur Torockó (exemple), mais la plupart sont en hongrois et malheureusement sans traduction.
Après Torockó, nous reprenons la route 75 le long de la rivière Aries jusqu’à Câmpeni, dans un très beau paysage de moyennes montagnes. C’est à Câmpeni que nous bifurquons  vers le Nord, par une route non revêtue (route 108), qui ressemble souvent plutôt à une piste et qui va nous conduire à travers le massif du Gyalu (Motzenland). Une quantité de très petites scieries témoigne de l’exploitation des superbes forêts (cliché 3), mais bientôt il n’y a pratiquement plus personne, et on ne rencontre que de minuscules bourgades dont on imagine l’isolement par temps de neige et en hiver.
Mais pour l'heure il fait très beau, de sorte que la route empierrée reste praticable malgré le ravinement. Comme partout dans la région, une bonne partie des transports de proximité se fait grâce à de petits chariots en longueur tirés par des chevaux ou, parfois, par une solide paire de bœufs.
Il y a quelques années encore, avant le "changement" (c'est-à-dire la chute du régime Ceaucescu), il n'y avait pas l'électricité, mais même aujourd'hui on a le sentiment de se trouver face à une société rurale dont certains caractères se rencontraient encore en France dans les années 50 ou 60, mais qui a aujourd'hui complètement disparu...
À proximité du lac de Belis, nous sommes  dans le département de Cluj. Huedin (Bánffyhunyad), où nous retrouvons la N. 1, possède une très belle église calviniste, qui a conservé son style d’origine avec plafond à caissons décorés du XVIe siècle (cliché 4).
Pourtant, la ville se fait aussi remarquer par ses stupéfiantes maisons construites par les chefs des communautés tziganes (les fameux Roms), et qui ne sont pour la plupart pas terminées (cliché 5).
Au-delà de Huedin, c’est la vallée de la Criș rapide (Schnelle Kreisch), avant qu’un petit col (Király hágó) ne nous fasse déboucher sur la plaine : nous traversons Oradea (Nagyvarad / Großwardein), admirant au passage sa  cathédrale impressionnante et ses anciennes maisons de chanoines, et passons la frontière hongroise. Je prends le train à 18h27 à Szolnok, après avoir à nouveau traversé la Tisza (et donc en Cistibisquie!), pour Budapest Keleti, où je change pour Munich et Paris, et, après une excellente nuit en sleeping, je suis très confortablement Gare de l'Est le lendemain dimanche à 12h34.
Quelques autres clichés sur la Hongrie et la Transylvanie.

dimanche 14 novembre 2010

Retour en Hongrie et en Transylvanie (2)

Après la journée (remarquable à plus d'un titre) passée à Eger, nous quittons donc la ville en pleine nuit, à 5 heures du matin, pour prendre la route du Nord, vers Békécsaba et la frontière roumaine après Gyula. La route 79A pique ensuite vers l’Est, à travers le pays totalement plat des Partium, tandis que les montagnes commencent à se détacher sur l’horizon. Nous remontons de plus ou moins loin la rivière de la Criş / Körös blanche (Weiße Kreisch), avant de quitter cet itinéraire à Valfurile pour suivre la route 76 en direction de Brad. Une crevaison nous retarde d’une heure environ.
Une fois passé Brad, nous entrons franchement dans le paysage montagneux de la Transylvanie au sens historique et géographique du terme, par la route 74, qui monte jusqu’à Abrud, avant de redescendre vers Alba Julia (Gyulafehérvár / Weißenburg), notre destination finale: nous y sommes à 13 heures, donc après quelque 7 heures de route. Même si le paysage forestier est superbe (cliché 1) et même si les routes ne sont pas mauvaises, elles ne sont pas non plus toujours bonnes, tant s’en faut, et on ne circule pas si facilement en Transylvanie…
Alba Julia se situe sur la grande rivière du  Mureș / Maros, affluente de la Tisza. C’est une ville très importante aujourd’hui, et nous venons y visiter la bibliothèque du Batthyaneum (cliché 2). Le nom est dérivé de celui  de la famille hongroise des Batthyány, elle-même divisée en trois branches, les princes, les comtes et les barons Batthyány. Boldizsár Batthyány (1537-1590), converti au protestantisme, possédait dans sa résidence de Güssing (Németújvár) une bibliothèque dont l’essentiel a été acheté à Francfort.
Mais les Batthyány reviennent bientôt au catholicisme: d’autres membres de la famille auront, au XVIIIe siècle, d’importantes bibliothèques, notamment le comte Adam Batthyány (1697-1782) et le prince Károly József Batthyány (1698-1772), dans sa résidence viennoise.
Le comte Ignaz Batthyány (1741-1798), après un cursus remarquable d’études achevées à Rome, est pendant une quinzaine d’années chanoine à Eger, où il aide l’évêque Esterházy à créer et à développer la bibliothèque de la Haute École par lui créée (Eger).
Nommé en 1781 évêque de Transylvanie en résidence à Weißenburg, il est le fondateur du Batthyaneum, un complexe comprenant observatoire astronomique, collections diverses (notamment numismatique et géologie) et bibliothèque. Une imprimerie catholique est aussi fondée. L’évêque enrichit les collections de livres grâce à diverses acquisitions, notamment celles des anciennes bibliothèques de Löcse, mais aussi de l’archevêque de Vienne Migazzi.
L’ensemble du complexe du Batthyaneum est entièrement abrité dans une église désaffectée, et dont la nef a été subdivisée en différents niveaux, la bibliothèque occupant le dernier de ceux-ci. L’aménagement intérieur, parfaitement conservé, date de la fin du XVIII siècle, et la décoration picturale est très remarquable, avec des figures allégoriques diverses (Minerve, etc.) et une suite de petites peintures sur le thème de la bibliothèque (cliché 3). Les collections peuvent atteindre quelque 50000 livres anciens, dont un riche fonds de manuscrits et plus de 500 incunables. La pièce la plus remarquable est le Codex aureus du IXe siècle.

On ne peut que regretter que, pour des raisons à la fois politiques et administratives, cet ensemble ne soit pas plus largement accessible au public –notre époque n’est apparemment pas aussi ouverte ni aussi confiante que pouvait l’être celle des Lumières. Le Batthyaneum constitue en effet un témoignage exceptionnel par sa richesse de la vie intellectuelle en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles, en même temps qu’un ensemble patrimonial de tout premier plan. Il devrait bien évidemment être un des fleurons culturels d’une ville comme Alba Julia aujourd’hui.
L’historien du livre se rappellera que cette ville a aussi joué un rôle dans le domaine de l’imprimerie. En effet, plusieurs officines s’y succèdent depuis le XVIe siècle, dont certaines sont liées aux Rákóczi. La première imprimerie catholique de Hongrie avait été ouverte à Tyrnava en 1577, à l'initiative du primat Miklós Oláh, pour lutter contre la propagande calviniste. Après plusieurs épisodes, elle est confisquée par le prince de Transylvanie Gábor Bethlen, allié à l’Union protestante pendant la Guerre de Trente ans, et transférée à Gyulafehérvár en 1620 (sur cette histoire complexe, voir: Eva Mârza, Din Istoria tiparului românesc. Tipografia de la Alba Julia, 1577-1702, Sibiu, Editura Imago, 1998, 154 p., ill.).

Notre journée s’achève par la visite de la cathédrale d’Alba Julia, aujourd’hui archevêché. La nef abrite les sépultures d’un certain nombre de princes liés à la Transylvanie (dont János Hunyadi, le père de Mathias Corvin: cliché 4). Puis, c’est la découverte trop rapide de la gigantesque citadelle (22ha !) construite par les Autrichiens pour défendre leurs frontières orientales contre les Ottomans.
La citadelle fait l’objet d’un remarquable programme de restau- ration, laquelle pourra certes  sembler parfois un petit peu trop radicale et se rapprocher plus de la reconstruction que de la restauration stricto sensu. Mais l’ensemble donne une idée de l’importance d’une place militaire comme l’ancienne Gyulyafehérvár pour l’Empire de Vienne, en même temps que de la montée en puissance des Habsbourg sur le plan politique au XVIIIe siècle. Cette présence d'une forteresse "à la Vauban" explique le changement du nom allemand de la ville de Weißenburg en Karlsburg.

Sur l’histoire de l’imprimerie au XVIe siècle en Transylvanie : Christian Rother, Siebenbürgen und der Buchdruck im 16. Jahrhundert ; mit einer Bibliographie « Siebenbürgen und der Buchdruck » ; mit einer Geleitwort von P[eter] Vodosek, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2002, XXIX-408 p., ill. (« Buchwissenschaftliche Beiträge aus dem Deutschen Bucharchiv München », 71). ISBN 3-447-04630-9.
Sur l'histoire de la Transylvanie en général: Kurze Geschichte Siebenbürgens, éd. Béla Köpeczi, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1990, XVI-780 p., ill., cartes. ISBN 963-05-5667-7. Il existe une édition en français publiée à la même adresse en 1992 (Histoire de la Transylvanie).

mercredi 10 novembre 2010

Retour en Hongrie (1)

Frédéric Barbier, A Modern Európa születése : Gutenberg Európája, trad. Péter Balázs, Budapest, Kossuth Kiadó, 2010, 348 p. ill., index (site de l'éditeur).
Traduction en hongrois de : L’Europe de Gutenberg. Le livre et l’invention de la modernité occidentale, XIIIe-XVIe siècle, Paris, Belin, 2006.
A l'occasion d'un voyage en Hongrie, nous présentons dans plusieurs villes la traduction hongroise de L'Europe de Gutenberg sortie initialement à Paris en 2006. Après avoir rencontré l'éditeur (Kossuth Kiadó), la première séance de présentation a lieu à la Bibliothèque nationale de Hongrie, sur le colline de Buda -un emplacement et un bâtiment représentatifs s'il en est (cf. cliché). Comme la séance se termine vers 17h et que Budapest est sensiblement plus à l'Est que Paris, la nuit est tombée lorsque nous sortons. Sous une petite pluie fine, nous gagnons Eger, en Hongrie orientale, où aura lieu la deuxième séance de présentation.
Les lecteurs de ce blog connaissent déjà Eger et sa magnifique bibliothèque Esterhazy (voir aussi des clichés à l'adresse: avril 2010-Hongrie). L'École supérieure est cette fois en pleins travaux de réaménagements, de sorte que toutes les activités ont dû être délocalisées pour plusieurs semestres. La présentation du livre a donc lieu à proximité immédiate, dans le séminaire archiépiscopal.
J'ignorais cependant que ce séminaire, qui fonctionne toujours, possédait lui aussi une bibliothèque ancienne, créée au XIXe siècle, et dans laquelle ont notamment été rassemblés, outre les collections destinées à l'enseignement et à la recherche, un certain nombre de collections dispersées, bibliothèques des paroisses, dons de différents ecclésiastiques etc. (cf. cliché). L'imprimé le plus ancien est un incunable vénitien, et la bibliothèque, d'abord créée comme sodalitas des étudiants, conserve également ses propres archives.
Puis, dans l'après-midi, nous gagnons Szeged, à travers la plaine hongroise (alföld), un paysage quelque peu mélancolique à la mi-novembre et par temps couvert. À partir de Tiszafüred, nous longeons de plus ou moins loin le cours de la Tisza. De petites fermes isolées (tanya) parsèment le paysage, et la campagne est gorgée d'eau par suite des pluies très abondantes. Plusieurs petites villes calvinistes jalonnent le parcours (quelque 200km), avant que nous n'arrivions à destination à la nuit tombée.
Szeged, sur la très puissante (et poissonneuse!) rivière de la Tisza, a été pratiquement détruite par une inondation en 1879, et la ville a été reconstruite dans un style très homogène où les influences art nouveau sont omniprésentes. Szeged est véritablement une ville pour les historiens de l'architecture et de l'urbanisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, et en même temps une ville très agréable et vivante aujourd'hui.
Bien sûr, les restructurations politiques consécutives à la Première Guerre mondiale ont aussi eu pour effet de faire de Szeged une ville adossée à la frontière nouvelle (voir billet du 13 juin dernier). Aujourd'hui, l'Université compte douze facultés et environ trente mille étudiants. La cathédrale (cf. cliché) se dresse sur une des places au centre de la ville, à proximité du pont sur la Tisza.
La Bibliothèque de l'Université a été récemment reconstruite, et elle se révèle un modèle de ce que peut être une biblio- thèque de nos jours, avec une architec- ture très actuelle, mettant l'accent sur l'espace, une sorte de vaste patio intérieur et le développement des différents services spécialisés de part et d'autre selon les étages -un étage étant spécialement dévolu aux connexions par Internet (cf cliché). La fréquentation est le témoignage de la réussite de l'opération.
La journée du 11 novembre 2011 est à Szeged le "Jour de l'Université", qui revêt cette année une solennité particulière, puisque c'est aussi le 90e anniversaire du transfert de cette institution depuis la Transylvanie. Les cérémonies commencent vers 11 heures, avec les discours officiels, puis la collation des différents grades ou distinctions honorifiques, avec en tête les doctorats honoris causa. Tout cela est minutieusement préparé en coulisses, d'où il convient d'entrer dans l'ordre préétabli dans la salle où se tient le public.
La présence, parmi les nouveaux docteurs honoris causa de 2011, du président de la Slovénie donne une dimension particulière à la séance (compte rendu). Chaque récipiendaire fait l'objet d'une présentation (laudatio) par le doyen de la Faculté correspondante, puis il revêt sa toge et reçoit des mains du recteur son diplôme officiel rédigé en latin. Les toges sont de couleur noire, avec des parement différents selon les facultés. Pour la Faculté de Philosophie (Faculté des Lettres), ces parements sont bleus.
Et, après un agréable déjeuner avec les collègues, l'après-midi se conclut par un séminaire d'histoire du livre donné dans le cadre du département de français de l'Université. Demain matin (12 novembre), départ à 5 heures pour la Transylvanie (pour les émigrés Saxons, le Siebenbürgen, alias le Pays des sept châteaux, ou mieux, des sept villes) et Alba Julia, ancienne capitale de cette principauté.

lundi 8 novembre 2010

La traduction et les Lumières

langues, livres, lecteurs : le français et les lumieres
Séminaire de l’équipe Histoire du livre et de la médiation
Institut d’histoire moderne et contemporaine
(UMR 8066 CNRS/ENS)
 organisé par Frédéric Barbier et Sabine Juratic
Année universitaire 2010-2011
TRADUCTIONS ET TRADUCTEURS (fin XVIIe-début XIXe siècle).

 

2010

19 novembre
 Sabine Juratic (IHMC, CNRS/ENS), Introduction du séminaire. Traduction francophone, économie du livre et circulations culturelles au XVIIIe siècle : jalons pour une enquête.
10 décembre
Isabelle Havelange (IHMC, CNRS/ENS) et Isabelle Nières-Chevrel (Université de Rennes II), Traduire en français pour la jeunesse (1750-1830).
2011
14 janvier 
Annie Cointre (Université de Metz), Les traductions littéraires au XVIIIe siècle.
11 février
Nicole Pellegrin (IHMC et Université de Poitiers), Morellet et la traduction. Une relecture des Mémoires.
11 mars
Hans-Jürgen Lüsebrink (Universität des Saarlandes), Traductions et traducteurs d'un bestseller dans l'Europe des Lumières: l'Histoire des Deux Indes de Guillaume-Thomas Raynal.
8 avril
Frédéric Barbier (IHMC, CNRS/ENS et EPHE), Autour des langues imprimées et de la traduction (titre de l’intervention à préciser).
13 mai
Patrice Bret (Centre Alexandre Koyré-CRHST et IRSEM), Traduire les sciences au XVIIIe siècle.
10 juin 
Marie-Françoise Cachin (Université Paris 7 Denis Diderot), Traduction et transpositions culturelles.

Le séminaire se tient de 14 h. à 16 h. dans la salle de réunion de l’Institut d’histoire moderne et contemporaine, à l’Ecole normale supérieure, 45 rue d’Ulm 75005 Paris, Esc. D., 3e étage. Informations complémentaires: juratic@ens.fr.